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Dimanche
Elle a pour habitude le soir de tirer les volets, autrefois sur la
nuit, maintenant sur les deux bécasses de turbines qui lui servent de voisines.
Il fut un temps où ce moment était un pur moment de bonheur. Elle respirait
l'air chaud ou frais de la saison, admirait la nature apaisée se délectais du
silence qui régnait sur le village, arrosé de jour par un trafic routier
incessant. Cette nuit, le vacarme des machines à sous la cueille de plein
de fouet. Son échine se redresse d'un coup, elle se sent prise d'une colère
qu'elle peine à maîtriser. Les mots se bousculent. Sourds jusqu'ici, ils
prennent dangereusement le chemin de la sortie. Elle sent bien que ce soir,
elle ne pourra pas les arrêter, même si elle s'efforce de respirer pour les
contenir. De fait, propulsés hors d'elle-même, comme lâchés d'une fronde tendue
à l'extrême depuis des mois, ils déchirent la nuit dans un long cri...
Les lumières s'éteignent partout. Surtout ne pas faire d'histoire
semblent murmurer les maisons alentours. Couchez-vous. Elle hurle mais
elle finira par accepter, comme nous. Demain on fera semblant de rien. Les
politiques seront contents de notre soumission et pour nous remercier ils
ajouterons quelques éoliennes sur nos terres. Si nous tendons la main au bon
moment quelques écus pourraient tomber dedans.
Samedi
En visite au Kunstmuseum à Bâle, il rencontre un ami de jeunesse.
Après les échange de politesse la discussion s'engage autour des éoliennes
industrielles en général et celles de Saint-Brais en particuliers. Son ami bâlois
le félicite de son engagement contre cette menace sur le Jura. Il lui dit qu'il
a été rassuré de lire dans la presse que la légendaire résistance des
jurassiens n'était par morte malgré les tentatives de la broyer sous de pseudo
impératifs économiques et écologiques. Le bâlois se réjoui d'avoir lu que le
Canton du Jura semblait enfin prendre le parti de protéger son patrimoine
naturel. La discussion se termine, ils se saluent et se quittent.
Il la rejoint, heureux d'avoir été entendu et compris jusqu'ici.
Pas rassuré pour autant. Les jurassiens ont-ils aussi bien compris ce qui les
menace que l'on voudrait bien le croire à l'extérieur? Pas sûr.
Elle reste songeuse après son récit. Comme lui elle n'y croit pas
encore. Elle ressasse cette dépêche arrivée hier dans sa boîte mail:
...Nous manifestons
devant la trahison de ceux qui
étaient auparavant nos compagnons de
lutte et qui aujourd'hui se sont alliés aux politiques et aux bandits qui
servent les intérêts des multinationales des énergies renouvelables...
Ce message est arrivé du Mexique, d'une communauté indienne jusque là unie et forte pour défendre
ses intérêts et qui est maintenant divisée et vulnérable à cause d'un projet gigantesque
de parc éolien qui menace sa survie comme jamais elle ne l'a été. Ses membres étaient
pourtant beaucoup plus soudés que les jurassiens avant cela...
Vendredi
Les pros-éoliens envahissent les blogs. Preuve, si il en fallait
une, que notre démarche a du succès, puisqu'ils nous copient. Mais au fond, si
ils s'agitent et se répandent, seraient-ils menacés de minorité? À force de se
sentir tout puissants et de souiller le label vert ils ont perdu en crédibilité.
Il faut dire que leur solution pour sortir du nucléaire fait long feu devant
les scientifiques et leur cafouillage récurent devient lassant. Dom Dom a
retrouvé des déclaration de Mlle Chevalley par exemple, en 2007:
- "Du point de vue économique le nucléaire n'est pas
rentable plusieurs études ont montré que le juste prix du Kw nucléaire était
largement plus élevé, et moi je suis simplement libérale, j'aimerais qu'on mette tout le monde au même panier et pas seulement
certains qu'on subventionne d'une certaine manière, qu'on fausse le prix du nucléaire
comme ça." (Infrarouge rts, 06.02.2007)
C'est juste ici que l'on s'étrangle de rire, vu ce qu'elle défend
aujourd'hui avec la RPC... Tous les projets éoliens passent la rampe, les demandes des particuliers pour assumer leur consommation d'énergie sont oubliées au fond du panier. Le même peut-être, mais les mains qui plongent dedans pour choisir les bénéficiaires aussi, sauf qu'ils ont ajouté la sienne!
Et enfin, M.Tolusso, à l'époque à Greenpeace: -"Nos
fournisseurs d'électricité sont des entreprises qui visent avant tout à
maximiser leurs profits sans garantir forcément une sécurité de
l'approvisionnement, il faut qu'ils deviennent des prestataires de service en
matière d'énergie et pas simplement des pompes à électricité"
Ha! Ha! Ha! Aujourd'hui l'association marche derrière ces mêmes
fournisseurs et ridiculise dans ses publicités ceux qui s'attaquent à leurs
manoeuvres, qui elles n'ont pas changé d'un poil.
Mlle Chevalley est comme tous. Une fois élue, le piège de l'égocentrisme s'est refermé sur elle. Aujourd'hui ne l'intéresse plus que son image et ce qu'elle peut en tirer. Il ne faut rien attendre de ces gens-là. Ils ne sont même plus leur propre maître. Si les ficelles qui les manipulent pouvaient se voir, le palais fédéral révélerait quelques surprises, y compris aux pantins qui se pensent autonomes! Aujourd'hui, l'avenir se joue ailleurs qu'en politique. Laissons-les jouer entre eux leurs jeux de pouvoirs et prenons notre destin en mains. On le voit dans ce débat sur l'énergie. Les véritables spécialistes se taisent mais n'en sont pas moins actifs. La population s'organisent en dehors des plans que l'on tire pour elle. En France, l'association environnement durable s'oppose à tous les projets éoliens. Au début ils étaient peu suivis. Aujourd'hui ils gagnent des procès et des membres! L'autisme des villes face à la colonisation des campagnes par l'industrie aura pour conséquence une division dangereuse qu'il faut anticiper! Il y a un immense travail de communication à faire, laissez tomber les politiques et construisez votre avenir sans vous soucier de leurs profits! Tout est possible.
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