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jeudi 8 février 2018

Le savoir, ennemi public No1?


 L'arrivée au pouvoir d'hommes et de femmes politiques dopés au productivisme, incultes et désintéressés du vivant, ignorant volontairement l'Histoire pour s'emparer du présent, est une actualité extrêmement inquiétante qui nous menace tous.

Quand j'entends des politiciens dire que les télévisions publiques sont des nids de "gauchistes", les bras m'en tombent! Ils utilisent le mot gauchiste pour s'attaquer à l'intelligence, à l'information qui nourrit et qui pourrait faire réfléchir ceux qui l'écoute.

Il est vrai qu'il est beaucoup plus facile de taper sur des gamins de banlieues qui à 14 ans n'envisagent pas d'autres avenir que la délinquance, que de contenir des citoyens informés, cultivés et déterminés à faire changer les choses.

Sous couvert de lutte contre ce gauchisme qui dérange, des frustrés du cerveaux se vengent à travers leur maigre pouvoir obtenu dans les urnes à force de mensonges et/ou d'opportunisme, en tentant d'éliminer tout ce qu'ils n'ont jamais réussi à assimiler et qu'ils considèrent bien entendu comme inutile. Ils sont largement soutenus par les milieux de la finance et du commerce. Dans leurs collimateurs, les Universités et les écoles supérieures si elles ne formatent pas que de bon petits économistes, juristes et autres ingénieurs qui serviront leur sacro-saints intérêts, les médias, si par malheur ils desservent le tout puissant capitalisme. Ils veulent tout contrôler, criminaliser ce qui jusqu'il y a peu n'était qu'opinions et liberté de l'exprimer!

Ils commencent à l'école déjà, en utilisant le mot "intellectuel" comme une insulte à l'encontre de ceux qui se distinguent par leur curiosité et leur attention. Puis ils méprisent systématiquement tout ce qui les dépasse et finissent par réduire au minimum leur critique envers la société: Un mot par paquet à éliminer: Les gauchistes: tout ce qui pense. Les criminels: tout ce qui agit. Les intellectuels: tout ceux qui mettent en lumière leur propre inaptitude.

Ils marchent au pas de l'économie. Aiment le pouvoir à défaut de la connaissance. Mais ils ne laisseront rien derrière eux contrairement à tous ceux qu'ils tentent de faire oublier.  Ah! Si, un monde connecté: des travailleurs dociles sous les caméras de surveillance, des ménages qui gèrent leur consommation d'énergie sous l'oeil vigilant de "Linky"(l'ami virtuel écologique imposé entre l'ampoule et l'eau chaude) des citoyens militants condamnés pour délit d'opinion et des milliards de pognons virtuel sur les comptes de leurs maîtres devant lesquels ils tireront toujours la langue du chien fidèle  (en moins bien).

Quand je lis certains philosophes, ou que j'entends ces femmes de bon sens que l'on rencontre encore dans nos campagnes, quand des artistes ouvre leur univers ou que des artisans habitent leurs gestes, quand des mots me font entrevoir tout ce que peut être l'humanité, ou quand la nature inspire, respire, quand le savoir des uns nourrit les autres, je vis.

Plus jeune j'avais été fascinée par cette phrase: le savoir est une arme. J'ai commencé à en saisir le sens le jour où j'ai lu un rapport dans lequel des employés traitaient leurs collègues de "gauchistes" avec l'intention de leur nuire. Il avait suffit que la mairie vire à droite pour voir attribué ce mot à ceux qui déstabilisaient une forme de pouvoir en place en dénonçant des dysfonctionnements. Réduire un mouvement de contestation à un seul mot c'est espérer le désamorcer sans avoir à affronter ses vérités.

La généralité utilisée pour réduire l'intérêt  que l'on pourrait avoir pour les mouvements de lutte contre les éoliennes, est le plus souvent en rapport avec le nucléaire: "ce sont des pro-nucléaire", par exemple. Les afficionados des nouvelles technologies qui sauveront selon eux l'humanité et la planète avec, utilisent volontiers à notre encontre le terme "d'écolos"  sur un ton méprisant.

Dernièrement mon mari s'est retrouvé face à une personne qui s'étonnait de son opposition aux éoliennes industrielles et qui lui demandait pourquoi. Mon mari lui a proposé d'inverser la discussion en l'invitant à décrire ce que lui savait des éoliennes et ce qu'il en attendait. Il pensait savoir deux choses: qu'elles nous feront sortir du nucléaire et qu'elles produisent du courant vert. Sa réflexion sur le sujet n'était jamais allée plus loin que ces deux affirmations... Il fut surpris lui-même d'avoir aussi peu d'arguments à avancer. Les explications de mon mari  sont alors tombées dans une oreille attentive, prête à entendre un savoir étudié et vécu.

On comprend pourquoi les pouvoirs en place préfèrent les rebelles armés qu'instruits, la légitime défense leur donne le droit de tuer une personne armée. Contre le savoir la censure ne dure qu'un temps.


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