Les verts jurassiens ont organisé une journée consacrée aux énergies renouvelables, en invitant trois personnalités peu critiques sur l'industrie des énergies renouvelables. voir ici
Je suis toujours choquée par le chemin très court pris par les partis politiques lorsqu'ils se rangent derrière la solution des renouvelables pour répondre aux problèmes posés par l'urgence climatique.
J'ai donc envoyé deux liens au parti jurassien pour attirer l'attention de ses membres sur les facettes moins glorieuses de l'éolien industriel dont ils ne parlent jamais. Laissant aux opposants la lourde tâche de provoquer un débat, tout en espérant qu'il n'ait pas lieu.
Une jeune militante a été chargé de me répondre. Un échange peu constructif puisque la défensive est la seule attitude des verts (mais pas seulement d'eux, on le sait) face à la critique. Je publie ces échanges, sans nommer la personne parce qu'il ne s'agit pas ici de montrer un coupable mais un système:
Courriel de Voisine au parti des verts jurassiens:
Bonjour,
- Est-ce que vous suivez l’évolution de l’industrialisation des campagnes en France grâce aux éoliennes? Je trouve que les choses prennent une tournure très néfaste qui va à l’encontre de ce que vous semblez imaginer https://www.francebleu.fr/infos/environnement/il-faut-mettre-mettre-une-bombe-et-faire-peter-ces-eoliennes-dit-robert-menard-1597683758
La radicalisation des positions ne parle pas en faveur d’une politique durable.
Dans le Jura on ne parle jamais des problèmes que posent l’éolien, sujet tabou que tous les partis préfèrent ignorer, tellement ils ont peur de ne pas avoir d’autres solutions ou de donner l’illusion d’être pro-nucléaire:
- Lorsque vous organisez une conférence sur les énergies, pourquoi forcément faire appel à des gens qui font de la propagande et ne pas ouvrir un véritable débat sur notre avenir énergétique? Des gens comme Jean-Baptiste Vidalou, ou Nicolas Casaux posent un regard critique sur cette transition qui n’a rien d’écologique et durable. Jean-Marc Jancovici dans un autre registre, apporte l’impertinence qui manque cruellement dans ce débat en Suisse. On aimerait bien les entendre ici, plutôt que des fonctionnaires de l’OFEN payés pour nous convaincre. On trouve en France de nombreux intellectuels qui ont un discours différent et qui peuvent réellement nous aider à réfléchir autrement, parce que c’est de cela dont nous avons besoin. Les personnes que vous avez invitées samedi auraient pu faire le même boulot pour l’UDC, le PDC ou le PS. Ils sont venus nous demander d’être sages et de faire comme on a toujours fait, reconduire le système avec d’autres machines, en gros.
À quoi bon voter pour les verts, si leur programme emboîte le pas d’un système qu’il prétend changer?
Meilleures salutations.
Voisine
Bonjour Madame,
Notre but n'était pas d'inviter des conférenciers qui nous disent ce qu'on a envie d'entendre, mais de discuter avec les spécialistes qui influencent la politique énergétique au quotidien et les décisions qui y sont prises. Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites que les problèmes liés à l'énergie éolienne sont tabous. Les antis éoliennes font beaucoup de bruit, et personne n'affirme que cette source d'énergie est parfaite. Notre position est de dire qu'au vu de l'urgence et de la crise climatique, il est urgent de prendre des mesures rapides. La sortie des énergies fossiles permettra de réduire nos émissions de CO2, et il est également urgent de débrancher nos centrales nucléaires, véritables bombes à retardement. Je ne pense pas qu'en disant "non" à tout, nous arriverons à inverser la tendance assez rapidement pour éviter un réchauffement important et les catastrophes qui suivront.
Je me réjouis de participer à une conférence organisée par vous avec l'un des conférenciers que vous citez. Je suis pour le débat d'idées et la confrontation avec d'autres positions. Vous ne semblez pas d'accord avec notre position, mais qu'est-ce que vous proposez concrètement?
Avec mes meilleures salutations,
Verte jurassienne
Chère Madame,
C'est moi qui ai invité Dominique Bourg à Saignelégier et Jean-Marc Jancovici à La Chaux de Fonds. Y étiez-vous?
Si vous pensez proposer quelque chose de concret, dites nous donc où vous mettrez les éoliennes, combien, pour quelle puissance, non pas installée mais réellement produite. Quelles mesures d'économie concrètes et l'impact réel sur le réchauffement climatique, sur les sols la biodiversité et sur la population pour quelles garanties d'approvisionnement et à quel prix, pour qui? Quid des dégâts collatéraux? Quelles mesures de compensation économique vous préconisez. Et lisez le livre les illusions renouvelables pour en finir avec ces dialogues de sourds et parler de ce qui est.
JB Vidalou a écrit "Être forêt"
Casaux s'exprime sur le partage.com, libre à vous de vous y intéresser.
À mon sens il n'existe aucun scénario politique valable capable de répondre aux enjeux actuels. Du blabla, du remplissage, de la politique de plus en plus populiste. Il y a des milliers de problèmes à résoudre avant de massacrer les entrailles de la terre pour puiser des sources d'énergies inutiles et destructrices. Vous croyez faire quelque chose en déclarant qu'il faut sortir du nucléaire et des fossiles? Mais l'énergie sera toujours le monopole de puissances qui vous dépassent. Nous subirons toujours leur diktat avec ou sans renouvelable. La lutte pour la sauvegarde de ce qui échappe encore à l'industrie et aux contrôles ( comme linky ou 5G, numérisation discriminatoire etc)) est beaucoup plus urgente pour moi. Là nous pouvons encore agir.
Et si vous entendiez les éoliennes ce soir à Saint Brais vous trembleriez de ce que subissent ceux que vous aimez.
Et malheureusement bien sûr que vos conférences disaient ce que vous vouliez entendre. Qui alimentait la controverse avec le même temps de parole?
Belle soirée.
Voisine
Je n'étais pas à ces conférences-là (ndlr. Bourg et Jancovici), mais j'ai déjà vu et entendu plusieurs fois ces deux personnes.
Personne ne prétend chez les Verts que les éoliennes de St-Brais sont une réussite, au contraire. Mais ce n'est pas parce qu'on a fait une connerie à St-Brais que la technologie "éoliennes" est mauvaise en soi. Je ne peux pas répondre à vos questions comme ça, je ne suis pas spécialiste.
Mais vous n'avez pas répondu à ma question: que proposez-vous pour lutter contre la crise climatique? Ou n'estimez-vous pas que le climat et nos émissions de CO2 soient une des priorités du moment? La 5G est une autre question...
Meilleures salutations,
Verte jurassienne
Madame,
Je vais me répéter: prétendez-vous savoir comment sortir de la crise climatique?
Pensez-vous réellement que parce que vous proposez le développement des énergies renouvelables vous êtes dédouanée de cette question? Je n’ai jamais trouvé de réponses sur cette question, que je me pose comme vous, dans un quelconque programme politique.
Pensez-vous que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous doivent forcément être en mesure de proposer autre chose? Si oui, pourquoi? Je ne suis pas d’accord avec la politique sur l’immigration de l’UDC, et vous? Mais je serais bien embêtée de proposer une réponse concrète et applicable à la crise migratoire. Et vous?
Je me suis engagée plus que la plupart des gens sur vos listes électorales, pour empêcher la colonisation des Franches-Montagnes par des sociétés qui n’ont aucune ambition écologique. Je me suis engagée pour que l’a qualité de toute vie reste au centre de nos préoccupations dans nos visions. Je m’engage pour que l’on cesse de détruire inutilement pour produire inutilement.
La politique énergétique je l’ai regardé de près, j’ai lu son histoire, j’ai pris la mesure de ma capacité réelle d’agir pour le vivant et je sais que ce n’est pas de ce côté là que la réponse viendra. Je ne lutte pas contre des éoliennes, je lutte contre les mensonges qui les accompagnent, contre le système qui les imposent partout, contre un monde qui nous enferme petit à petit en utilisant nos propres armes pour nous désarmer.
La politique énergétique, ce ne sont pas les verts qui vont la décider. Elle sera ce qui servira l’économie. La fin de vie des centrales nucléaires favorise l’industrie éolienne qui se glisse dans cette brèche avec les autres énergies renouvelables, ici et maintenant. Ailleurs c’est autre choses, cette forme d’énergie revient même en force. Avez-vous ouvert les liens que j’ai adressé à votre parti dans mon premier courriel? Là où l’éolien industriel gagne du terrain, les rapports sociaux dégénèrent, la stabilité électrique n’est pas maîtrisée et rien ne démontre une amélioration du climat, bien au contraire. Si vous avez écouté et suivi Jancovici, Taccoen vous avez les preuves chiffrées, démontrées, de ce que je vous dis là. À quoi ressemble aujourd’hui l’Allemagne, sincèrement? Son bilan pour le climat?
Le discours politique est un discours rôdé, élaboré pour gagner un pouvoir. Raison pour laquelle je ne suis plus attachée à aucun parti, cela ne m’empêche pas, bien au contraire, de réfléchir et de défendre mon opinion. En me demandant ce que je propose contre la crise climatique vous sous-entendez que si je n’ai rien à proposer je ferais mieux de me taire. Si tous les révolutionnaires avaient dû attendre de savoir avant d’oser, les rois gouverneraient encore (d’ailleurs ont-ils jamais cessé?)
Pour moi il est clair que céder sous la pression de l’urgence climatique, c’est ouvrir la porte à ceux qui savent se servir de nos peurs pour s’introduire. L’industrie éolienne, mais aussi celle de la biomasse, de la géothermie, et même le solaire, ne font rien d’autre qu’utiliser les partis écologiques pour se frayer un chemin inespéré vers des territoires magnifiques ou simplement libres et jusqu’ici protégés ou sauvegardés parce que des intérêts supérieurs se proposaient ailleurs. S’approprier votre soutien, c’est bingo pour eux. Mais ce n’est pas encore la réponse aux questions posées par le réchauffement climatique. Cela occupe suffisamment les politiciens pour qu’ils oublient d’autres luttes, bien plus accessibles. Allez demander aux autochtones mexicains ce qu’ils pensent de l’éolien industriel, aux kurdes des barrages, aux peuples des forêts de la biomasse… etc.
Je vous l’ai déjà écrit, si vous pensez être en mesure d’arrêter ce qui arrive avec les énergies renouvelables c’est que vous n’avez pas encore compris les enjeux.
Je suis sur le même bateau que vous, je ne prétends simplement pas autant que vous. J’adore les paysages des Franches Montagnes, la puissance des Crêtes jurassiennes, si je peux entraver quelque peu les projets des compagnies d’électricité j’en suis très heureuse. Pas besoin d’avoir ma carte de parti et de m’accorder aux discours qui vont avec pour avoir le sentiment d’agir.
Bien à vous.
Voisine
Nous semblons donc être d'accord sur toute une série de thèmes, et moins sur d'autres... Comme c'est souvent le cas dans la vie!
Je ne prétends pas avoir la vérité, mais je trouve que c'est facile de critiquer. Bref! Nous continuerons ce débat de vive voix quand nous nous rencontrerons...
Meilleures salutations,
Verte jurassienne
Madame,
la critique devrait être le meilleur outil des politiques.
Au plaisir et belle journée.
Pascale Hoffmeyer.
J’aurais pu encore ajouter que non, la critique n’est pas une chose facile, qu’elle demande de longues heures d’intérêt pour un sujet, de plusieurs années d’observations et d’échanges, de rencontres, de participation à des colloques, à des séances publiques, à des consultations etc.
Nous savons tous qu’aucun politicien n’a le temps d’approfondir autant un sujet et que les opposants du monde entier sont des sources énormes d’informations parce qu'ils prennent souvent la peine de potasser leur sujet et ne se replient pas derrière des formules.
J’aurais pu encore dire à quel point les politiciens peuvent être méprisants et arrogants à toujours se poser en détenteurs des solutions au point de ne plus être capables d’entendre la critique comme une voix dans le peuple et pas forcément comme une attaque dont il faut se débarrasser.
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