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samedi 10 mai 2014

Bannie.


C'était sans compter sur ces pales infernales qui tournent et s'emballent...

Grosse fatigue, proche de la lassitude après une nuit courte et une journée bien remplie. Je rêve de ce moment magique où, face à un décors printanier dans lequel explosent des fruitiers en fleurs, je vais tendre mon hamac et goûter un repos que j'estime mériter...

Sitôt pensé, sitôt fait. Le hamac mexicain déplié sous la verrière, un rayon de soleil pour chauffer mon sommeil, je m'abandonne, prête à rêver non sans penser: Bon sang que la vie est belle!

Mais c'était sans compter sur ces pales infernales qui tournent et s'emballent, lancinantes et perverses, arrogantes et traîtresses.

Aïe, les oreilles! Aïe la tête! J'avais oublié que j'étais rayée de la terre des hommes. Ils ont décidé que le vent leur appartenait à eux, pas à moi, pas à d'autre. Ils ont dit "notre vent, notre énergie" ils lui ont donné un prix qu'ils ont payé, puis encaissé ailleurs en lui imposant de produire du courant et tant pis pour le bruit et tant pis pour moi, je suis bannie.

Je n'ai plus besoin de repos, je n'existe plus.
Entre le vent et moi il y a un rotor puissant qui transforme son souffle en souffrance, grincements, vrombissement, la mécanique a bouffé le romantisme. Pas de pitié pour les exclus.

Un humain est un être qui accepte, qui se tait, qui travaille, qui consomme, qui paie. Ce sont ses acquis. Le reste n'est que privilège dont on le dessaisit à coup de pesée d'intérêts et autres inepties.

Place à l'écologie, verte et vertueuse, déguerpis si tu n'es pas convertie!

Et oui, ils l'ont dit, je suis bannie. Insignifiante  petite chose en terme de statistiques. Fragile, trop sensible, hystérique, affaiblie. Je ne suis plus rien qu'un élément perturbateur destiné à céder sa place à ces nouveaux prédateurs qui s'érigent en maîtres du monde, nouveaux sauveurs, ceux qui savent, ceux qui disent, ceux qui décident à qui appartient le vent et qui n'est plus digne de la nature et du silence.

Couché! Aux pieds! Dis merci à Clarens et Isabelle, les affreuses montures des voleurs du vent, entre les dents desquelles ils ont glissé des mors effrayants pour les maintenir dans le droit chemin de la pensée unique, celle qui dit: "Notre vent, notre énergie"

Sitôt déplié, voici le hamac rangé. Suspendu comme un souvenir qui prend la poussière du temps sous laquelle disparaît petit-à-petit le vivant...

1 commentaire:


  1. "Lorsque je suis allé à l' école, ils m'ont demandé ce que je voulais être lorsque je serai grand. J'ai répondu "heureux". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, j'ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie"
    John Lennon

    « Les mots sont comme les abeilles : ils ont le miel et l'aiguillon. »
    Provebe suisse

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    « La grande différence qu'il y a entre les oiseaux et les hommes politiques, c'est que, de temps en temps, les oiseaux s'arrêtent de voler. »
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