"Dans le solfège, le silence est un moment pendant lequel n'est émis aucun son, il correspond à une pause dans l'exécution du morceau".
C'est un instant d'éternité. On reste suspendu, presque fasciné par ce silence qui permet de capter l'émotion de ce qui vient d'être joué avant d'être emporté à nouveau par la musique.
Il faut le silence pour prendre le temps d'apprécier ou de digérer l'intensité de ce qui le précède.
Je pense à cela ce matin, parce que nous avons parlé hier de l'impact social et paysager des éoliennes avec une étudiante, à ce silence qu'elles nous volent parfois des jours et des nuits entières. Ce silence qui nous permet de capter la vie avant qu'elle ne reprenne sa course, d'en saisir le sens et l'émotion. Ce silence qui révèle notre présence ici et maintenant. Cet élément de vie indispensable que l'on nous envie.
Lorsque je me plains de cette intrusion sonore dans les silences de ma vie, des écolos bien intentionnés me répondent qu'eux habitent près d'une ligne de chemin de fer, d'une route, d'un bar... alors mes silences perdus c'est du pipi de chat à côté de ce qu'ils endurent.
Nous y voilà. Je souffre donc souffrez. Vous nous devez bien ça.
L'humanité se complaît dans le rôle de la victime et du bourreau.
Je souffre, donc souffrez est hélas le seul moyen de faire comprendre aux consummères le désastre qu'ils veulent ignorer, qu'il minimisent par conservatisme de leur confort égocentrique... Je souffre donc faires souffrir pour compenser le manque d'intelligence, d'humanité. S'il faut souffrir pour vivre, que cette souffrance soit librement consentie mais jamais imposée. La vie est mouvement de matière, transfert d'énergie, prélèvement ici pour un dépôt ailleurs. Lorsque ces mouvements atteignent des seuils critiques, la notion de respect de l'environnement et d'altruisme prennent alors de l'importance. La perspective est à la sobriété et à la transition mais pas seulement énergétique, car pour éviter le pire, le bouleversement climatique, il faut préparer la révolution philosophique pour sortir les humains de leur paradigmes. Prendre conscience de notre interdépendance, et penser - agir avec Amour, cet Amour empathique, qui induit l'altruisme et le respect, la fraternité et la solidarité. Si l'humanité n'a d'autre choix que de faire des victimes, faisons un effort pédagogique pour ne pas devenir à notre tour bourreau, et nous élever ensemble pour un monde meilleur.
RépondreSupprimerJe vous remercie Dan pour votre intervention. Elle me fait réfléchir et je vais le faire directement sur ce blog. À votre première phrase je réponds que les consommateurs sont captifs de la manipulation des producteurs bien plus que de leur consommation. S'attaquer aux producteurs est à mon sens plus efficace que de culpabiliser les citoyens de leurs excès. L'éducation manque davantage que l'intelligence. Puis, qui donc consentira à souffrir pour le bien des autres? C'est une notion judéo chrétienne qui n'a pas fait ses preuves. Quels sont les seuils critiques? Qui les délimite? Sur quelles bases? Que devient la controverse lorsqu'une majorité décide? Hitler a décidé qu'il y avait trop de juifs et il a convaincu une majorité de cela. Les opposants ont été fusillés, harcelés, exclus. Pourtant ils avaient compris bien avant les massacres que l'horreur s'était emparée de la majorité. Quand vous dites "si l'humanité n'a d'autres choix que de faire des victimes (...) je pense que les nazis n'ont pas fait autre chose que de mettre cette conviction en pratique et je ne l'oublie pas. D'autre part et pour revenir à des considérations climatiques, je ne conçois pas d'humanité digne de ce nom si sa survie dépend de l'élimination ou de la précarisation d'une partie de ses pairs. Encore une fois qui sélectionne? Sur quels critères? Enfin, plus que d'une révolution philosophique, je pense que nous avons besoin d'une éducation à la philosophie, à l'école déjà. Apprendre à penser par nous même, à développer notre sens critique, à détecter la manipulation, à croire en nous, à être capable de résister à la pensée unique et assumer nos convictions, à les défendre. Les bons philosophes existent déjà. La philosophie n'a jamais arrêté d'évoluer avec son temps. Quelle place lui laisse-t-on dans ce monde connecté à outrance? Maintenir le citoyen dans l'ignorance ou dans une société de consommation abrutissante n'est pas le fruit du hasard. En théorie l'Amour tel que vous le décrivez effectivement pourrait être l'élément constructif d'une société idéale. Mais si pour quelques % d'électricité on parle déjà de victimes nécessaires, je sens que nous sommes loin de la mise en pratique.
Supprimer