Pages

lundi 10 juillet 2017

Transition énergétique: de Delémont à Berne, de Paris à Istambul, de Mexico à Athènes: du fric et des menaces.



Hasankeyf batman

Chaque fois qu'un élu fait une déclaration au nom de la transition énergétique on dirait qu'il nous apporte la bonne nouvelle, qu'il est du côté des gentils et que tout ce qu'il  promet va dans le sens d'une humanité plus solidaire, plus propre, plus autonome, plus responsable, plus juste. Leurs vérités qu'ils nous assènent sans fin virent au chantage et à l'endoctrinement: ne pas les suivre relève de l'imbécilité et de l' égoïsme (selon Isabelle Chevalley ou Roger Nordman ) ou alors, les réfractaires sont possédés par le diable nucléaire (selon les gourous de la religion verte). 

En regardant ce reportage(Histoire vivante sur la rts) sur le combat en Turquie pour sauver la démocratie, je me suis demandée quand nous devions nous inquiéter des déviances de nos gouvernants. Qu'est-ce qui autorise un conseil communal de prendre parti contre des habitants parce qu'ils ne partagent pas sa vision des choses? Qu'est-ce qui autorise des conseillers nationaux à condamner publiquement des personnes parce qu'elles s'opposent à leurs projets de société? Qu'est-ce qui autorise un département fédéral de définir des normes de sécurité pour des installations industrielles sans avoir réalisé toutes les études relatives à la détection de leurs nuisances potentielles? Des hommes et des femmes politiques peuvent-ils diagnostiquer publiquement la souffrance de riverains de nuisances industrielles comme étant psychologique en absence d'études qui le démontrent? Quel pouvoir politiques peut-ils décider d'élever au rang d'intérêt général la production d'énergies sans démontrer qu'elles répondent à ce qu'ils prétendent?  Quel gouvernement peut prendre la décision d'acheminer des éoliennes industrielles sous escorte policière dans des villages qui n'en veulent pas? Ces choses se passent dans des pays démocratiques comme la Suisse, la France, la Grèce...

Nos systèmes politiques n'ont pas de leçons à donner à la Turquie. Je retrouve dans les discours d'Erdogan des mécanismes que je constate ici à d'autres niveaux.

Ceux qui s'imaginent encore que l'écologie en vogue est un changement de paradigme, devrait retenir cette phrase entendue dans le reportage,  (min. 41):

"C'est ici qu'est née l'agriculture. En Europe elle n'est apparue que 2500 ans avant Jésus-Christ. Soit 7500 ans plus tard. Ce lieu est le berceau de la civilisation et il n'hésite pas à le détruire. Il va saccager ce trésor millénaire pour construire un barrage hydroélectrique qui ne tiendra pas 100 ans. Le monde entier se révolte mais ça lui est égal. Je croyais qu'on était fâché avec des hollandais, c'est pourtant une entreprise hollandaise qui va détruire ce mausolée. "

Hé oui!  En Turquie le discours de la transition énergétique a des airs de dictature et d'arrangements commerciaux. Et je ne me sens pas dépaysée... Je vois déjà des bras se lever au ciel: mais comment peut-on comparer ce qui se passe là-bas avec ce qui se passe dans nos pays démocratiques! Et pourtant j'ose la comparaison. Chez nous on met des mots pour forcer la porte: Faciliter les procédures, limiter les droits de recours, l'intérêt général, sauver la planète, respecter les normes, etc... Mais les objectifs sont les mêmes: faire de la place au capitalisme.

M. Erdogan aussi manie bien le verbe pour focaliser l'attention sur les opposants, n'hésitant pas à les faire passer pour des terroristes pour pouvoir les enfermer. Tiens, ça aussi ça me rappelle quelque chose... après le feu aux éoliennes de Saint-Brais les opposants ont été immédiatement soupçonnés et le mot terroriste est sorti quelques fois à leur encontre.

Les leçons de démocratie, d'intelligence, d'écologie, je ne les prends plus parmi nos élus mais dans ces mouvements d'opposants courageux qui risquent leurs vies pour défendre la culture, le savoir et la liberté.

"Ce que veut le capital, c'est le pouvoir. Il veut se passer d'intermédiaire. Il n'a même plus besoin de l'état. En revanche il a besoin d'un système autoritaire qui lui permet de négocier avec une seule personne. Au point où nous en sommes aujourd'hui et dans toutes les régions du monde, le capitalisme a besoin du fascisme. C'est pourquoi nous sommes obligés de triompher ici" Mücella Yapici, engagée pour la démocratie en Turquie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire