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mercredi 3 juillet 2019

Du lac de Bienne aux portes du néant.

Brouillard sur le Jura aussi...
Ici:
- Le restaurant du Soleil à Saignelégier était un haut lieu de culture et de rebellions dès les années 70. Une rebellions qui s'est éternisée à la table ronde du bistrot au point de tourner en rond... Toute cette belle énergie prometteuse s'est noyée un peu dans l'alcool (comme celle des indiens d'Amérique en somme)  et dans la montée en puissance de la société de consommation.

- Aujourd'hui la table ronde est au centre de  la salle manger. Une petite la remplace à gauche en entrant et une sculpture immortalise quelque part les piliers de bistrot qui l'ont occupée de si longues années. Les touristes paient bien cher leur menu, même pas en mémoire de ce qui a été mais simplement pour jouir du confort d'un restaurant chic, au coeur des Franches-Montagnes... Sa réputation choc est abordée au dessert, lorsque l'on tombe par hasard sur la sculpture en sortant des toilettes.

- Ce matin, une fillette d'à peine huit ans fait de la trottinette devant chez moi en chantant tous les couplets de la Rauracienne... Malaise. Cadeau du 40ème anniversaire d'un Jura  apaisé selon les dires des journalistes, traduire dompté,  et à la satisfaction de la nouvelle génération au pouvoir, "apaisée" elle aussi qui n'a jamais connu autre chose que la course à la performance et à la réussite sociale. Une entrée dans le moule toute en douceur qui a duré 40 ans. Un moule qui ne retient de l'histoire que les chants patriotiques et qui tend au conformisme...

Ailleurs:
Poutine se lâche et ses propos me rappelle la description de la naissance du fascisme selon Hannah Arendt. Après la mort du libéralisme annoncé au G20 il s'en prend aux minorités.

- Chaque jour sur WhatsApp je reçois des images idylliques des plages grecques.

Retour chez nous:
- Les Anarchistes jurassiens amusent les touristes, les activistes à l'origine de la création du canton sont exclus des discours politiques qui se veulent "tournés vers l'avenir (!?)  Les produits locaux, la consommation locale, le développement régional,  on vend le Jura à toutes les sauces sur des airs patriotiques,  Jura sous contrôle. Le journal satirique La Tuile fut le premier à payer ce virage vers le conformisme.

- C'est un peu comme l'électricité, on nous vend une production locale pour une consommation locale, une sorte de nationalisme de l'électricité. On voudrait nous faire sentir pionniers des énergies renouvelables, bâtisseurs d'un temps nouveau décarbonisé (c'est comme ça que  les promoteurs du parc du Mollendruz vendent leur camelote). En fait nous ne serons que des pions sur l'échiquier de l'industrie éolienne qui fonctionne dans une logique toute libérale avec autour les cadavres habituels, (il n'y a qu'à voir comment les Forces motrices bernoises sont devenues Bernische kraftwerke sans aucune objection locale). L'opposition est récupérée par tous les moyens, on cherche à la diviser, à la discréditer à la ramollir, à l'étiqueter, et ça marche assez bien, ils savent même combien de temps cela leur prendra de réduire les vents contraires à néant. Ils annoncent l'autonomie énergétique et juste derrière ils mettent en place des mesures pour réduire les droits des citoyens...

- Dernièrement les éoliennes de Saint-Brais ont tellement chahutées qu'elles ont réveillé une nouvelle voisine qui ne supporte plus cette agression et cette menace sur la santé de ses enfants. Il y a dix ans qu'on le dit. Que pourra-t-elle y faire de mieux que nous? Va-t-elle ré-affronter le mur stupide des villageois et celui plus organisé et plus déterminés des promoteurs et des autorités?

Le monde tourne, il tourne dans ma tête aussi, j'assiste impuissante à tout ce gâchis, je vois grandir la bête derrière ces petites choses de la vie quotidienne,  le vernis que l'on pose sur les gens et sur les choses, les ficelles des marionnettistes et la vague brune qui menace, Poutine, Trump,  Xi Jinping et les autres... Maurer et Cassis en Suisse leur font des courbettes, on les sent ravis de pouvoir compter sur ces nouveaux amis, les droits humains ont fondu comme neige au soleil de leurs préoccupations.


Et surtout à voir, à entendre, à anticiper et à s'indigner. Du lac de Bienne aux portes de la France, l'ombre brune pourrait bien aussi remplacer l'espoir dans les cités, sous couvert de modernité, d'avenir et de local... 

Allez, bonnes vacances!


2 commentaires:

  1. Fleur des pâturages5 juillet 2019 à 15:40

    Dans la ligne du post de Voisine cet entretien de Dominique Bourg, philosophe, professeur à l'université de Lausanne.

    "La démocratie, ce n'est pas simplement qu'une population opte pour quelqu'un. On sort de la démocratie quand on sort des droits humains, d'un certain nombre de valeurs et de la possibilité d'un certain type de recours politique"

    "Si l'on veut diviser par deux nos émissions de gaz à effets de serre, il faut produire, échanger, consommer moins. Tout ce qui va à l'encontre est contradictoire avec cet objectif"


    https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-05-juillet-2019







































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  2. "Le réflexe en faveur du statu quo qui joue dans la plupart des pays avancés : une population qui vit dans un confort au moins relatif a horreur du changement. S'emparer du pouvoir est difficile mais celui qui s'en empare peu sans peine jouer sur ce réflexe pour conserver ledit pouvoir."
    Claude Bourdet, L'aventure incertaine 1975

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