La question la plus bête de l'année 2012 est...

Elles font vraiment du bruit ces éoliennes?

Question généralement posée par des gens de la vallée, bien occupés au développement de leur villa d'un quartier résidentiel. Ils passent leur temps à parler nouvelles technologies pour Monsieur, thérapies alternatives pour Madame. Ils votent vert, parce que gauche n'est plus tendance, partent une fois par année vers des îles lointaines, sont cadres ou fonctionnaires, ne voudraient surtout pas changer quelque chose dans leur vie. Ils n'ont jamais vraiment été militants anti-nucléaire, mais puisque maintenant ils peuvent s'afficher ouvertement comme tels sans passer pour des marginaux analphabètes (ce qui était le cas dans un passé récent vite oublié) et surtout sans avoir à lever le petit doigt et mouiller leur chemise, ils le sont devenus. Les éoliennes ils s'en fichent, mais puisque c'est tendance et que cela pourrait leur permettre de garder leur train de vie énergétique, ils ont dû lire cela dans coopération ou éventuellement l'Hebdo il y a deux ans, ils prennent position "pour" dans les discussions à la table ronde du café le samedi matin après avoir rempli leur panier de produits biologiques au marché du coin. Le soir il leur arrive d'aller voir un bon film au cinéma. Celui dont ils auront lu la critique dans la revue spécialisée qu'ils reçoivent chaque mois. Ils sont bien propre sur eux, leurs vêtements sont si possible labellisés bio. Ils n'ont pas de voiture souvent, se déplacent à pieds ou sur un vélo électrique.

Les Franches-Montagnes pour eux c'est Koh Lanta. Ils y vont de temps-en-temps, s'arrêtent au café du soleil parce que c'est là qu'il faut être vu dans les Franches, connaissent les noms de ceux qu'il faut connaître, ont un ami franc-montagnard pure souche comme on a un ami étranger, histoire de pouvoir en parler de temps en temps et passer pour un type introduit et ouvert.

Qu'une association de 600 membres (du jamais vu!) naissent au lendemain de l'arrivée des éoliennes industrielles à proximité de leur lieux de vie, que des gens jusqu'alors discrets se soulèvent et signent des pétitions pour le gouvernement, se rendent en force aux assemblées communales pour voter contre la poursuite du développement éolien, s'exposent comme jamais pour faire entendre les dessous de l'industrie éolienne, alerter les politiques et les citoyens sur l'inutilité et le gâchis que représentent ces machines portées par des promoteurs sans scrupule, que ce non sujet deviennent du jour au lendemain le sujet d'actualité qui fâche les partis politiques, la confédération, les cantons, les villages, les amis et les familles, qu'on en fasse des livres, des documentaires, tout cela leur passe complètement au-dessus. La seule question qui reste dans leur pauvre esprit aliéné est: "Elles font vraiment du bruit ces éoliennes?"

Réduire le problème à cette question évite de s'en poser d'autres. Et comme la réponse ils se la donnent eux-même en venant traîner sous les pales un dimanche après-midi par beau temps, l'affaire est classée dans ce qui leur sert de cerveau.

C'est tellement simple les humains...

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