samedi 4 juillet 2020

Un groupe de citoyens à la recherche du bruit et de la laideur



De leurs fenêtres la vue est splendide, on se croirait vraiment à la campagne. Lorsqu'ils ont visité cette maison, c'est ce qu'ils ont dû voir: un retour à la campagne, à un peu plus d'une heure de Bâle et de Berne et à 3 heures de Paris... Ils ont emménagé durant le confinement lié au Corona virus et le rêve a continué, le trafic routier étant quasi nul durant toute cette période et les éoliennes peu productives. 

Plus dur est le retour à "l'anormal". La reprise économique rime avec trafic, et ici, côté circulation ils sont très gâtés. Une journée laisse passer des milliers de voitures et de camions juste sous les fenêtres de ceux qui logent dans la partie historique du village. Leur maison, comme quelques autres encore, est située très directement au bord de cette fameuse route et n'a pas de terrain qui pourrait les en éloigner. De l'étage où se situe leur lieu de vie, le regard passe au-dessus de l'asphalte, on y admire l'enchaînement de collines boisées, de pâturages et le petit village bucolique de Saulcy au loin. Plus proches les jardins des habituations situées de l'autre côté de la route offrent un joli spectacle de verdure luxuriante. Mais juste en dessous, au niveau du rez de chaussée,  c'est le défilé. Lorsque le balais des travailleurs commence vers 5h du matin, la maison tremble et ses habitants sont tirés d'un sommeil déjà fragilisé par le non silence quasi permanent au village (parce que des voitures il y en a aussi la nuit un peu, avec en plus les ventilations des fermes alentours, et ces fameuses éoliennes qui dès août viendront compléter la réalité de ces nouveaux habitants). La bâtisse, au demeurant magnifique, est vieille et les fenêtres même pas doublées...

Ajoutons à cela l'étroitesse extrême du passage devant cette maison, six petits enfants en bas âge habitent aussi dans cette zone, or des voitures ou des camions sont régulièrement pris de panique en voyant arriver vis-à-vis un autobus par exemple,  et ils se rabattent sur le trottoir, seul refuge des petits piétons lorsqu'ils sortent de chez eux! 

Bienvenue à Saint-Brais.

La situation se dégrade dans l'indifférence générale faute d'argent pour réaliser la route de contournement prévue depuis des lustres. L'arrivée des éoliennes fut une grossièreté de plus pour ceux qui vivent ici et tentent de garder une qualité de vie suffisamment attractive pour y passer leur vie et attirer de nouveaux habitants.

Alors quand je lis que des citoyens se mobilisent pour participer à la destruction des campagnes, comme ici pour implanter des éoliennes entre Sonvilier et Val-de-Ruz, je me dis que ces gens sont de tristes ignorants qui ne savent pas de quel trésor ils ont la garde. Ils  préfèrent courir après quelques sous que de réfléchir à comment sauvegarder l'espace qu'ils ont la chance d'avoir à proximité et qu'il ferait mieux de partager avec le vivant plutôt qu'avec des sociétés avides et qui se ficheront toujours de leur avenir! D'ailleurs, en fait d'emplois pour la région, ils feraient bien aussi de s'informer un peu et de sortir de leur  vision limitée des choses, avec cet article par exemple. Ou celui-ci, qui rappelle entre autre cette tragique et récurrente confusion (voulue?) entre production d' électricité et consommation d'énergie globale!

Nous vivons une période extrême, notre avenir est incertain et nous devons revoir nos manières de produire et consommer. Beaucoup des réponses que nous cherchons se trouvent à la campagne. Il serait temps de la mettre en valeur et non pas de la détruire.

Comme dirait Voltaire, il faut cultiver notre jardin (Candide).

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