Les verts jurassiens ont organisé une journée consacrée aux énergies renouvelables, en invitant trois personnalités peu critiques sur l'industrie des énergies renouvelables. voir ici
Je suis toujours choquée par le chemin très court pris par les partis politiques lorsqu'ils se rangent derrière la solution des renouvelables pour répondre aux problèmes posés par l'urgence climatique.
J'ai donc envoyé deux liens au parti jurassien pour attirer l'attention de ses membres sur les facettes moins glorieuses de l'éolien industriel dont ils ne parlent jamais. Laissant aux opposants la lourde tâche de provoquer un débat, tout en espérant qu'il n'ait pas lieu.
Une jeune militante a été chargé de me répondre. Un échange peu constructif puisque la défensive est la seule attitude des verts (mais pas seulement d'eux, on le sait) face à la critique. Je publie ces échanges, sans nommer la personne parce qu'il ne s'agit pas ici de montrer un coupable mais un système:
Courriel de Voisine au parti des verts jurassiens:
Bonjour,
- Est-ce que vous suivez l’évolution de l’industrialisation
des campagnes en France grâce aux éoliennes? Je trouve que les choses prennent
une tournure très néfaste qui va à l’encontre de ce que vous semblez imaginer https://www.francebleu.fr/infos/environnement/il-faut-mettre-mettre-une-bombe-et-faire-peter-ces-eoliennes-dit-robert-menard-1597683758
La radicalisation des positions ne parle pas en faveur d’une
politique durable.
Dans le Jura on ne parle jamais des problèmes que posent l’éolien,
sujet tabou que tous les partis préfèrent ignorer, tellement ils ont peur
de ne pas avoir d’autres solutions ou de donner l’illusion d’être pro-nucléaire:
https://www.la-croix.com/Economie/Etats-Unis-Californie-confrontee-coupures-courant-2020-08-21-1201110230?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_content=20200822&utm_campaign=NEWSLETTER__CRX_JOUR_EDITO&PMID=0718f4c3648344d2123b54d78cc00cf0&_ope=eyJndWlkIjoiMDcxOGY0YzM2NDgzNDRkMjEyM2I1NGQ3OGNjMDBjZjAifQ%3D%3D
- Lorsque vous organisez une conférence sur les énergies,
pourquoi forcément faire appel à des gens qui font de la propagande et ne pas
ouvrir un véritable débat sur notre avenir énergétique? Des gens comme
Jean-Baptiste Vidalou, ou Nicolas Casaux posent un regard critique sur cette
transition qui n’a rien d’écologique et durable. Jean-Marc Jancovici dans un
autre registre, apporte l’impertinence qui manque cruellement dans ce débat en
Suisse. On aimerait bien les entendre ici, plutôt que des fonctionnaires de l’OFEN
payés pour nous convaincre. On trouve en France de nombreux intellectuels
qui ont un discours différent et qui peuvent réellement nous aider à réfléchir
autrement, parce que c’est de cela dont nous avons besoin. Les personnes
que vous avez invitées samedi auraient pu faire le même boulot pour l’UDC, le
PDC ou le PS. Ils sont venus nous demander d’être sages et de faire
comme on a toujours fait, reconduire le système avec d’autres machines, en
gros.
À quoi bon voter pour les verts, si leur
programme emboîte le pas d’un système qu’il prétend changer?
Meilleures salutations.
Voisine
Bonjour Madame,
Notre but n'était pas d'inviter des conférenciers qui nous
disent ce qu'on a envie d'entendre, mais de discuter avec les spécialistes qui
influencent la politique énergétique au quotidien et les décisions qui y sont
prises. Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites que les problèmes liés
à l'énergie éolienne sont tabous. Les antis éoliennes font beaucoup de bruit,
et personne n'affirme que cette source d'énergie est parfaite. Notre position
est de dire qu'au vu de l'urgence et de la crise climatique, il est urgent de
prendre des mesures rapides. La sortie des énergies fossiles permettra de réduire
nos émissions de CO2, et il est également urgent de débrancher nos centrales
nucléaires, véritables bombes à retardement. Je ne pense pas qu'en disant
"non" à tout, nous arriverons à inverser la tendance assez rapidement
pour éviter un réchauffement important et les catastrophes qui suivront.
Je me réjouis de participer à une conférence organisée par vous
avec l'un des conférenciers que vous citez. Je suis pour le débat d'idées et la
confrontation avec d'autres positions. Vous ne semblez pas d'accord avec notre
position, mais qu'est-ce que vous proposez concrètement?
Avec mes meilleures salutations,
Verte jurassienne
Chère Madame,
C'est moi qui ai invité Dominique Bourg à Saignelégier et
Jean-Marc Jancovici à La Chaux de Fonds. Y étiez-vous?
Si vous pensez proposer quelque chose de concret, dites nous
donc où vous mettrez les éoliennes, combien, pour quelle puissance, non
pas installée mais réellement produite. Quelles mesures d'économie concrètes et
l'impact réel sur le réchauffement climatique, sur les sols la biodiversité et
sur la population pour quelles garanties d'approvisionnement et à quel prix,
pour qui? Quid des dégâts collatéraux? Quelles mesures de compensation économique
vous préconisez. Et lisez le livre les illusions renouvelables pour en finir
avec ces dialogues de sourds et parler de ce qui est.
JB Vidalou a écrit "Être forêt"
Casaux s'exprime sur le partage.com, libre à vous de vous y intéresser.
À mon sens il n'existe aucun scénario politique valable capable
de répondre aux enjeux actuels. Du blabla, du remplissage, de la politique de
plus en plus populiste. Il y a des milliers de problèmes à résoudre avant de
massacrer les entrailles de la terre pour puiser des sources d'énergies
inutiles et destructrices. Vous croyez faire quelque chose en déclarant qu'il
faut sortir du nucléaire et des fossiles? Mais l'énergie sera toujours le
monopole de puissances qui vous dépassent. Nous subirons toujours leur diktat
avec ou sans renouvelable. La lutte pour la sauvegarde de ce qui échappe encore
à l'industrie et aux contrôles ( comme linky ou 5G, numérisation
discriminatoire etc)) est beaucoup plus urgente pour moi. Là nous pouvons
encore agir.
Et si vous entendiez les éoliennes ce soir à Saint Brais
vous trembleriez de ce que subissent ceux que vous aimez.
Et malheureusement bien sûr que vos conférences disaient ce que
vous vouliez entendre. Qui alimentait la controverse avec le même temps de
parole?
Belle soirée.
Voisine
Je n'étais
pas à ces conférences-là (ndlr. Bourg et Jancovici), mais j'ai déjà vu et entendu plusieurs fois ces deux
personnes.
Personne
ne prétend chez les Verts que les éoliennes de St-Brais sont une réussite, au
contraire. Mais ce n'est pas parce qu'on a fait une connerie à St-Brais que la
technologie "éoliennes" est mauvaise en soi. Je ne peux pas répondre à
vos questions comme ça, je ne suis pas spécialiste.
Mais
vous n'avez pas répondu à ma question: que proposez-vous pour lutter contre la
crise climatique? Ou n'estimez-vous pas que le climat et nos émissions de CO2
soient une des priorités du moment? La 5G est une autre question...
Meilleures
salutations,
Verte
jurassienne
Madame,
Je vais me répéter: prétendez-vous
savoir comment sortir de la crise climatique?
Pensez-vous réellement que parce
que vous proposez le développement des énergies renouvelables vous êtes dédouanée
de cette question? Je n’ai jamais trouvé de réponses sur cette question,
que je me pose comme vous, dans un quelconque programme politique.
Pensez-vous que ceux qui ne sont
pas d’accord avec vous doivent forcément être en mesure de proposer autre
chose? Si oui, pourquoi? Je ne suis pas d’accord avec la politique sur l’immigration
de l’UDC, et vous? Mais je serais bien embêtée de proposer une réponse concrète
et applicable à la crise migratoire. Et vous?
Je me suis engagée plus que la
plupart des gens sur vos listes électorales, pour empêcher la colonisation des
Franches-Montagnes par des sociétés qui n’ont aucune ambition écologique. Je me
suis engagée pour que l’a qualité de toute vie reste au centre de nos préoccupations
dans nos visions. Je m’engage pour que l’on cesse de détruire inutilement pour
produire inutilement.
La politique énergétique je l’ai
regardé de près, j’ai lu son histoire, j’ai pris la mesure de ma capacité réelle
d’agir pour le vivant et je sais que ce n’est pas de ce côté là que la réponse
viendra. Je ne lutte pas contre des éoliennes, je lutte contre les mensonges
qui les accompagnent, contre le système qui les imposent partout, contre un
monde qui nous enferme petit à petit en utilisant nos propres armes pour nous désarmer.
La politique énergétique, ce ne
sont pas les verts qui vont la décider. Elle sera ce qui servira l’économie. La
fin de vie des centrales nucléaires favorise l’industrie éolienne qui se glisse
dans cette brèche avec les autres énergies renouvelables, ici et maintenant.
Ailleurs c’est autre choses, cette forme d’énergie revient même en force.
Avez-vous ouvert les liens que j’ai adressé à votre parti dans mon premier
courriel? Là où l’éolien industriel gagne du terrain, les rapports
sociaux dégénèrent, la stabilité électrique n’est pas maîtrisée et rien ne démontre
une amélioration du climat, bien au contraire. Si vous avez écouté et suivi
Jancovici, Taccoen vous avez les preuves chiffrées, démontrées, de ce que je
vous dis là. À quoi ressemble aujourd’hui l’Allemagne, sincèrement? Son bilan
pour le climat?
Le discours politique est un
discours rôdé, élaboré pour gagner un pouvoir. Raison pour laquelle je ne suis
plus attachée à aucun parti, cela ne m’empêche pas, bien au contraire, de réfléchir
et de défendre mon opinion. En me demandant ce que je propose contre la
crise climatique vous sous-entendez que si je n’ai rien à proposer je ferais
mieux de me taire. Si tous les révolutionnaires avaient dû attendre de savoir
avant d’oser, les rois gouverneraient encore (d’ailleurs ont-ils jamais cessé?)
Pour moi il est clair que céder sous
la pression de l’urgence climatique, c’est ouvrir la porte à ceux qui savent se
servir de nos peurs pour s’introduire. L’industrie éolienne, mais aussi celle
de la biomasse, de la géothermie, et même le solaire, ne font rien d’autre qu’utiliser
les partis écologiques pour se frayer un chemin inespéré vers des territoires
magnifiques ou simplement libres et jusqu’ici protégés ou sauvegardés parce que
des intérêts supérieurs se proposaient ailleurs. S’approprier votre
soutien, c’est bingo pour eux. Mais ce n’est pas encore la réponse aux
questions posées par le réchauffement climatique. Cela occupe suffisamment les
politiciens pour qu’ils oublient d’autres luttes, bien plus accessibles. Allez
demander aux autochtones mexicains ce qu’ils pensent de l’éolien industriel,
aux kurdes des barrages, aux peuples des forêts de la biomasse… etc.
Je vous l’ai déjà écrit, si vous
pensez être en mesure d’arrêter ce qui arrive avec les énergies renouvelables c’est
que vous n’avez pas encore compris les enjeux.
Je suis sur le même bateau que
vous, je ne prétends simplement pas autant que vous. J’adore les paysages des
Franches Montagnes, la puissance des Crêtes jurassiennes, si je peux entraver
quelque peu les projets des compagnies d’électricité j’en suis très heureuse.
Pas besoin d’avoir ma carte de parti et de m’accorder aux discours qui vont
avec pour avoir le sentiment d’agir.
Bien à vous.
Voisine
Nous
semblons donc être d'accord sur toute une série de thèmes, et moins sur
d'autres... Comme c'est souvent le cas dans la vie!
Je ne
prétends pas avoir la vérité, mais je trouve que c'est facile de critiquer.
Bref! Nous continuerons ce débat de vive voix quand nous nous rencontrerons...
Meilleures
salutations,
Verte
jurassienne
Madame,
la critique devrait être le meilleur outil des
politiques.
Au plaisir et belle journée.
Pascale Hoffmeyer.
J’aurais pu encore ajouter que non,
la critique n’est pas une chose facile, qu’elle demande de longues heures d’intérêt
pour un sujet, de plusieurs années d’observations et d’échanges, de rencontres,
de participation à des colloques, à des séances publiques, à des consultations
etc.
Nous savons tous qu’aucun
politicien n’a le temps d’approfondir autant un sujet et que les opposants du
monde entier sont des sources énormes d’informations parce qu'ils prennent souvent la
peine de potasser leur sujet et ne se replient pas derrière des formules.
J’aurais pu encore dire à quel
point les politiciens peuvent être méprisants et arrogants à toujours se poser
en détenteurs des solutions au point de ne plus être capables d’entendre la
critique comme une voix dans le peuple et pas forcément comme une attaque dont il faut se débarrasser.