...
- Tu es revenu toi?
- N'oublie pas que mon statut d'ange me permet de lire en toi comme dans un livre ouvert...
- Et?
- Ça saigne...
- Comment cela?
- Les mots, ils saignent.
- Pas sûre que j'aie envie de parler de cela ici.
- C'est un journal, non? Tes mots parlent du sujet de ce journal et de toute manière personne n'est obligé de les lire. La semaine dernière je t'ai vu ouvrir une page sur les mots "Amour, Liberté et Poésie", j'ai bien aimé te voir jouer avec ces mots en les associant à des choses ou des gens. Tu as sans doute ressenti le bien qu'ils te faisaient.
- Oui, absolument! C'était magique comme association, une trilogie parfaite.
- Ces mots qui saignent aujourd'hui, c'est quoi?
- Tous ceux que je dis pour sortir d'une impasse et qui font l'effet contraire.
- Comme?
- Le mot "critique" qui devient "reproche", le mot "discussion" qui devient "règlement de comptes" et le mot "silence", qui devient "abandon".
- Au moins tu sais où il y a le feu, ;-)
- Tu peux bien rigoler, ce n'est pas si simple. Pour moi les mots sont synonymes de liberté, ils permettent tout. Grâce à eux je peux exprimer ce que je ressens, je peux imaginer ce que je veux, je peux décrire ce que j'aime, c'est un sésame. Mais c'est aussi un verrou selon avec qui je les échange. Plus ma quête vers la compréhension des mécanismes de ce monde avance et plus mes mots se heurtent a de la résistance, et plus je me sens enfermée!
- Tu ne te prends pas un peu trop la tête?
- À toi de me le dire, c'est toi qui me lit de l'intérieur... :-)) Sans rire, je me sens dans un aquarium depuis que j'ai compris l'impact des éoliennes industrielles sur notre environnement et que je vis avec cette menace sur ma vie. Le grand large, c'était hier. Sortir de chez moi, monter sur le grand rocher, regarder ce paysage immense et libre, c'était grisant. Là, je me sentais vivante. Comme un poisson dans l'océan, libéré des limites, choisissant son parcours. Alors j'ai une peine immense à comprendre que les gens qui se mobilisent pour préserver notre espace de vie en danger s'astreignent à des contraintes du langages: Ne dis pas ceci, tu vas blesser ceux-là, fais des concessions pour préserver au moins le minimum. Ne lutte pas, fais de la politique, etc.
- Il me semblait bien qu'il y avait un peu plus que trois mots qui saignaient: voici les mots lutte et liberté qui se heurtent aux mots politique et concessions...
- Tu as raison, impossible pour moi de les concilier. Je ne peux pas imaginer obtenir la moindre victoire avec ce type de raisonnement. Ceux qui grignotent notre espace ne feront jamais aucune concession pour nous. Certains voudraient croire qu'en jouant leur jeu ils nous reconnaîtront comme étant des leurs et nous accorderont plus de crédit, pour moi c'est le commencement de la fin de la lutte si on entre dans ce genre de raisonnement.
- Comment tu vois les choses alors?
- C'est à cela que je réfléchis maintenant. Je sais bien que je ne rentrerai jamais dans les rangs, ces mots précieux que je découvre à mesure que j'avance, je ne veux pas, je ne pourrais même pas d'ailleurs, les abandonner pour suivre une norme qui me blesse. Je suis entière, pas extrémiste, si mes compagnons de lutte ne voient pas la différence c'est que nous ne luttons plus pour la même chose. Si la liberté se limite aux frontières de notre confort personnel et de notre bonne réputation vis-à-vis de ceux qui nous agressent, mon langage n'est plus adapté à ces objectifs.
- Je vois que le mot radical n'a pas encore brûlé...
- À moins que ce ne soit le mot intègre qui me taraude... Tiens à propos du sens des mots, regarde un peu qui se vend sous couvert de solidarité: http://www.sig-ge.ch/Documents/voeux2014/voeux2014.html
Une solidarité que les riverains de leurs projets de parcs éoliens rêvent de voir appliquée... tout comme les contribuables genevois!
Une solidarité que les riverains de leurs projets de parcs éoliens rêvent de voir appliquée... tout comme les contribuables genevois!
Il n'y a pas de prison, si une brèche s'ouvre vers le dehors.
RépondreSupprimerCette brèche, c'est délivrance, liberté, respect.
Il y a le chemin le "assez" la juste mesure, un équilibre entre force et nature, entre fini et infini!
Comment voir clair? Le désespoir, le doute, le manque d'unité.
Quitter l'ancien et la dualité pour apaiser ses doutes!
Même le nouveau, on le quittera aussi.
Car humain s'est quitter tout.
De cette façon là soyons attentifs à tous ces mots qui gouvernent, qui blessent, qui écrasent.
Un grain qui meurt, un germe, une idée! Nouveau germe, nouvelle pousse, nouvel oeil, nouveaux mots aussi:
Partage, ouverture, attention, écoute.
La fièvre n'est pas une maladie, mais une guérison!!