dimanche 22 janvier 2017

Mettre les idées dans le formol...

Merveilleuses Franches-Montagnes (collection personnelle :-))

Il était une fois dans les Franches-Montagnes, un artiste venu d'ailleurs qui portait sur ce coin de pays le regard de ceux qui n'y ont pas grandi: neuf et émerveillé.   Il a nourri son oeuvre de ses paysages, s'est attaché à ses habitants au point de s'engager corps et âme contre la création d'une place d'armes qui avait germé dans l'esprit de l'armée et de quelques chasseurs de fric. La lutte fut longue et a créé des liens indestructibles dans la région, elle s'est terminée il y a 40 ans et les opposants ont gagné, la place d'armes n'a jamais été construite.

Mais 40 ans plus tard, les paysages fantastiques sont à nouveau menacés par des colonisateurs d'un nouveau genre. La patte blanchie du loup trompe toujours les chevreaux... Il ne s'agit plus d'une place d'armes mais d'une colonisation au parfum de tromperies, de scandales et de nuisances qui détruira à jamais ces espaces libres que Coghuf a tellement peints et défendus.

Ses enfants sont nés ici. Ils ont grandi avec ces paysages. Plus rien de neuf dans leur regard, juste cet espèce de suffisance que leur confère l'héritage du père qui lui,  reste l'effigie de la lutte pour la sauvegarde des Franches-Montagnes grâce à une affiche qu'il a réalisée pour la soutenir en 1963. Une affiche dans laquelle il a su transmettre  avec justesse la menace qui pesait sur la région.

Cette affiche est restée dans l'esprit franc-montagnard le symbole de la lutte contre les colonisations industrielles, qu'elles soient de l'armée ou des sociétés d'électricité en quête de subventions. Elle est aussi le symbole d'une victoire du coeur sur l'argent. Elle appartient aux paysages des Franches-Montagnes bien plus qu'au fils "outré" qui ne semble pas penser que l'engagement de son père n'est pas un objet que l'on enferme dans le formol, mais une force, une idée, un don  qu'il a fait à ces paysages qui l'ont tellement nourri. Son affiche est tout sauf destinée à vieillir avec la lutte qu'elle a défendue, comme si  cette menace d'il y a 62 ans avait éliminé toutes les autres! Coghuf a dit son attachement aux paysages des Fanches-Montagnes mieux que n'importe lequel de ceux qui se prétendent au service de l'écologie aujourd'hui et qui n'osent plus mouiller leur image en se positionnant clairement contre les éoliennes industrielles qui ravagent l'Europe et menacent le Jura! Ils ne sont pas différents des militaristes d'alors qui s'agenouillaient devant le projet de la grande muette!

L'association de sauvegarde des paysages des Franches-Montagnes, librevent, un peu impertinente parce qu'au 21ème siècle il suffit de peu pour l'être, a tiré le parallèle entre la lutte contre la place d'armes et celle contre les éoliennes industrielles projetées en nombre dans ce que l'ex-ministre de l'environnement jurassien avait qualifié de plus beau paysage au monde lors d'un discours public...

À gauche l'affiche originale de Coghuf, à droite l'affiche actualisée

Mais on ne protège plus les plus beaux paysages du monde. Ils sont à la merci de n'importe quel vendeur d'illusion, pour n'importe quel profit. On ne protège plus les plus beaux paysages du monde, mais on protège les affiches qu'ils ont inspirées... Les héritiers de Coghuf qui ne maîtrisent pas  la force de l'image de leur père et à quel point elle parle à ceux qui défendent aujourd'hui les paysages francs-montagnards comme il l'a fait alors, s'élèvent en protecteurs de leur patrimoine et menacent les nouveaux combattants. En écrivant cela, ma fois je dois sourire d'autant d'absurdité.

Ainsi donc ils vouent l'affiche de leur papa aux oubliettes,  elle ne sera pas le fer de lance d'une lutte qui traverse le temps, mais un objet de papier, vidée de sa substance. D'ailleurs le fils, pour commémorer le 40ème anniversaire de la lutte contre la place d'armes a édité une nouvelle affiche, publiée dans le journal local... À voir ci-dessous.  Le commerce de l'électricité tue les régions, celui de l'art peut tuer l'essence d'une oeuvre.

L'affiche d'Alain Stocker, le fils de Coghuf, pour commémorer le 40ème anniversaire de la fin de la lutte contre la place d'armes... Franches-Montagnes sauvées...
 AMEN!

Mais si, il y a encore des artistes inspirés dans le Jura:  Ici Sandrine Koller.

SOS, Philippe Queloz, vidéo



2 commentaires:

  1. Fleur des pâturages23 janvier 2017 à 07:38

    C’est incroyable de faire toute une histoire pour une affiche qui ne sert que pour la sauvegarde de nos Franches-Montagnes !
    La famille du grand artiste qu’était Coghuf, devrait être fière que Librevent ait pensé à remettre cette affiche au goût du jour et qu’à nouveau elle soit le symbole de la lutte pour sauver notre coin de de terre.

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