samedi 17 juin 2017

Learning from Athens



Quelques graffitis des rues d'Athènes trouvés sur ce blog

Il y a longtemps que la Grèce s'est invitée dans le débat éolien avec la colonisation scandaleuse de la Crète par les producteurs d'électricité européens et autres investisseurs "verts" auxquels les suisses viennent d'ouvrir leurs draps en acceptant la SE2050 telle qu'elle leur a été proposée.

Quelques éoliennes pointent à l'horizon d'Athènes, visibles de l'Acropole,  elles sont aux paysages européens ce que les grandes surfaces ZARA et H&M sont à leurs avenues: banalisantes. Symboles d'un monde qui marche tête baissée, uniformisé sous la pression de tous les marchés.

Mais ce n'est pas ce qui m'a le plus impressionnée en marchant ici:

Les graffitis sont autant de témoins de  choses qui se sont passées, qui se passent, qui se taisent, qui naissent ou qui meurent.

Des bus bleu foncé contre lesquels sont appuyés des boucliers, à l'intérieur desquels des types armés jouent au Tavli (genre de Backgammon), longent les trottoirs.

Derrière des grilles, des édifices publiques ne disent plus ce qu'ils abritent, ils semblent livrés à eux-mêmes, des jeunes traversent les allées, vont et viennent, affairés.

Les pavés de marbres résistent au temps mais se soulèvent, s'écartent, rendent le cheminement des piétons incertain.  À côté les voitures défilent en rangées pas très disciplinées sur des avenues bosselées, ou dangereusement proches dans des rues étroites et encombrées. 

Athènes bouillonne mais ne se livre pas. Je suis ici analphabète. Les lettres grecques rendent les mots inaccessibles pour moi, je voyage sans repère, je visite sans explication. Athènes révèle mon ignorance et me donne soif de savoir. D'hier je ne sais pas grand-chose. D'aujourd'hui pas assez. Mais ici quelque chose se passe. Les silences sont trop lourds. Les grecs n'ont pas dit leur denier mot. La ville blanche craquelle sous son vernis...

C'est pour la Documenta que je suis venue. Un événement artistique qui semble payer les frais de l'arrogance européenne. Je ne me prononcerai pas sur la polémique entretenue à ce sujet, dont il est question dans cet article, je ne me suis pas encore assez informée là-dessus. C'est donc sans à priori que je visite le gigantesque musée d'art contemporain que l'on dirait sorti d'une longue sieste pour la circonstance. Mieux que personne, à mon sens, les artistes savent rendre compte de l'état du monde dans lequel nous évoluons. À Athènes, ce sont des artistes engagés et militants qui l'expriment. On peut voir des images à partir d'ici.

Ce qui me semble clair est que l'alerte lancée par les artistes est maximale. Que l'urgence résonne partout et que la mouvance verte menée tambour battant en occident par des affairistes et accueillie tout aussi artificiellement par une société d'écologistes appliqués n'est rien d'autre qu'une tentative de diversion des pouvoirs en place pour occulter le chaos dramatique qu'ils ont mis en marche.

Oui le business a rattrapé l'art aussi et oui il y a beaucoup à regretter dans ces événements internationaux récupérés par le système. Mais  les artistes sont loin d'être tous convertis à ces jeux de rôle et d'argent. Ne pas le croire serait donner raison à ceux qui ont tout fait pour museler l'art et en faire un produit de consommation comme un autre. Ce n'est pas vrai. Il y a une voix forte derrière ces femmes et ces hommes qui transmettent leur analyse, leur perception, leur vécu, à travers des objets, des films, des peintures, des installations. Ils disent le monde, celui que l'on voit, celui que l'on ne voit pas ou que l'on ne voit plus, celui qui est réel, celui qui ne l'est pas. Ils sont nos yeux, notre âme, nos mains. Ils rendent compte et alertent mais c'est à nous de voir et d'agir.

Dès lors faut-il perdre du temps à réfléchir si la Documenta à Athènes est ou non une colonisation impérialiste? Je préfère m'en tenir à l'immense travail artistique présenté et à ce qu'il dit de nous.

De retour chez moi, les deux éoliennes géantes du village se dressent comme des symboles de cet aveuglement collectif que des milliers d'artistes tentent de mettre en lumière. L'objectif est loin d'être atteint. On dirait que plus la menace est grande et plus le pouvoir et les aspirants au pouvoir accordent leur bannière. Je m'inquiétais du soutien des verts à la SE2050. Extrait de la réponse des verts jurassiens:

"Et comme toujours dans le cas de compromis au niveau fédéral, nous avons du évaluer le résultat politique en cas du victoire du Non.
Cela ne sera pas vu comme une victoire des défenseurs de l’environnement mais comme la victoire d’une partie de la droite et de certains milieux économiques qui s’opposent à toute transition énergétique. Dans cette constellation politique, nous avons choisi le champ du Oui. Cette stratégie prévoit aussi certaines mesures qui vont dans le sens de l’amélioration du climat."
En résumé, plutôt se tromper ensemble que s'opposer courageusement seuls...



Dans cet article on fait un tour rapide d'une partie des oeuvres présentées à la Documenta 14

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