On ne lutte pas pour les autres, on lutte avec les autres.

Depuis trois ans, le conseil communal de mon village se ridiculise régulièrement. Dépassé par les conséquences de la proximité du parc éolien qu'il a soutenu, il a choisi de plonger la tête dans le sable et de défendre envers et contre tous son choix.
La population locale a baissé la tête et encaissé. Elle s'est imaginée que lors des élections communales de 2012, "les mercenaires" anti éoliens partiraient en campagne pour déboullonner cette équipe de lâches qui a tenté d'intimider par toutes de sortes de manières ceux qui ouvertement dénoncent le mensonge éolien et les manigances du Conseil.
Longtemps j'ai remis moi aussi mon destin entre les mains de ceux qui s'engageaient. Sur mon lieu de travail, en politique, j'avais placé ma confiance en quelques personnes et je pensais que cela suffisait pour empêcher le pire. Et puis le temps a passé. Les syndicalistes engagés sont partis à la retraite. Lors des réunions du personnel, plus personne n'a eu le courage de prendre la parole. Les autorités ont rapidement profité de ce vide militant pour attaquer les acquis et dégrader les conditions de travail. Les politiciens que je pensais au garde-à-vous se sont révélés aussi nuls que l'ensemble des employés que nous étions et qui attendions leur intervention.
Ma chère, ai-je pensé, il n'y a plus personne pour te défendre, il va falloir te prendre en mains. Fini le temps béni où tu t'en remettais aux autres. J'ai cru qu'il fallait m'instruire avant de prendre la parole, je me croyais ignorante et n'osait imaginer m'imposer publiquement. Les deux horreurs que des vendeurs malhonnêtes ont implanté en face de chez moi en les présentant comme des fleurs ont remplacé tous les cours que j'aurais pu encore suivre! Je n'aurais pu avoir meilleurs professeurs que les chacals qui s'approprient les biens de ce monde avec un droit de vie et de mort sur le reste de l'humanité et le hasard de la vie m'a mise face à eux.
C'est vrai que c'était mieux avant. Ma petite vie tranquille, mes coups de gueule de temps en temps pour marquer mon territoire et mes orientations politiques. Et tout ce temps pour profiter de la vie, de ma famille, de la nature, de mes loisirs... J'aurais pu faire semblant de rien. Préférer ne pas faire d'histoire comme la plupart de mes voisins. Mais je ne suis pas comme ça, allez savoir pourquoi. Et cette fois, le couteau est entré beaucoup trop profondément pour pouvoir simplement l'enlever et continuer comme si rien n'était.
Me voici donc militante, activiste anti-éoliennes comme diraient ces tordus du conseil local qui n'ont pas encore compris qu'ils étaient les dindons d'une farce que les chacals leur jouent à quatre vents six sous! De militante à porte drapeau il n'y a qu'un pas qu'on aurait voulu me voir franchir. Mais j'ai compris une chose: on ne se bat pas pour les autres. On se bat AVEC les autres. Il ne sert à rien d'envoyer aux charbons un émissaire pour se laver de nos soucis. Si on veut gagner, on doit tous y aller. L'échec des luttes ne vient pas de ce que les autres sont plus forts, elle vient de la démobilisation. Il faut donc attendre que le couteau blesse profondément pour surmonter toutes ces barrières qui entravent notre liberté...
Même le maire affirme qu'il aurait souhaité que les anti-éoliens s'engagent dans les élections communales? Une belle manière de les enfermer dans un système maîtrisé. Je préfère continuer le chemin de la lutte avec ceux qui y croient et qui s'engagent pour cela. C'est là que nous serons efficaces.
Nelson Mandela l'a dit et répété: Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès.
Plutôt que seule au Conseil, autant en force à l'assemblée! Qu'on se le dise!