lundi 24 novembre 2014

Le processus démocratique made in Switzerland, épisode 1.



Pourparlers de conciliation

J'ai été convoquée à 7h30 un lundi matin. La mairesse, le chef de service, un conseiller communal et un "expert", enfin, c'est ainsi que madame le maire appelle le chef de projet chez BKW, m'accueillent, tous favorables au projet. Le projet? Un parc composé de 7 éoliennes qui affectera fortement plus de 25 habitations sur la Montagne de Tramelan dans le Jura bernois, cédera au béton des m3 de terre et brisera la beauté naturelle d'une région.  La raison de ma présence ici? L'opposition que j'ai formulé au sujet de ce parc, à lire sur voisine le 12 octobre 2014:" Enfermez les hommes et vous aurez des moutons".

Ils sont donc 4 à m'attendre pour m'entendre. Tous les quatre sont farouchement pour ce projet. Je devrais être seule contre eux. Par chance un groupe de jeunes gens intéressés par le processus démocratique qui entoure ces parcs éoliens en Suisse et ailleurs, proposent de m'accompagner en tant qu'auditeurs à cette séance. Cela rééquilibre la situation. Pas de domination par le nombre.

Mon opposition a été très clairement formulée, mais la question que l'on me pose ici est de savoir ce qui pourrait être changé dans ce projet pour me la faire retirer. Le reste ne les intéresse pas. 

Je me lance cependant dans un complément de griefs à l'encontre de ce parc. Dans leur dossier, l'étude d'impact sur les ombres portées compte sur les arbres présents entre les machines et les maisons pour protéger les habitants, il s'agit parfois d' un seul arbre... Pour une nuisance qui durera trente ans, il y a de quoi sourire sur cette confiance durable envers un élément naturel vulnérable!  De plus l'impact des ombres n'est pris en compte que pour les pièces des maisons régulièrement utilisées. Autrement dit, bien que vivant au coeur de la nature, les riverains de ce parc ne pourront plus profiter pleinement de leur environnement sans se heurter, en dehors de leur cuisine ou de leur chambre,  à des nuisances jugées supportables par ceux qui les testent dans un bureau d'études... De plus cette étude a été faite sur le modèle allemand et répond à des recommandations des offices fédéraux en Suisse. Il n'y a donc aucune loi en Suisse sur laquelle un riverain pourrait s'appuyer  au cas ou une tempête arrachait la branche dont dépend sa tranquillité à l'intérieur de sa maison!

Aucun de mes interlocuteur ne juge pertinent de s'interroger là-dessus. Les normes sont respectées. Un point c'est tout. Nous sommes donc déjà confrontées à ces fameuses normes qui empêchent par la suite toute discussion entre ceux qui subissent et ceux qui les ont trompés. Ils n'ont rien trouvé d'autres à me dire que tout avait été fait dans les règles et avec des spécialistes. Si le représentant des BKW est désigné comme un expert dans ces séances, je n'ose imaginer qui sont les simples "spécialistes..." qui se sont penchés sur la nature des nuisances engendrées par ce parc ces 30 prochaines années

À Saint-Brais, l'étude d'impact disait que les arbres cacheraient les éoliennes du village. Ce qu'ils n'ont pas dit, c'est que les calculs avaient été fait jusqu'au milieu du village, l'autre moitié étant située en zone agricole n'a pas été prise en compte dans les études! Le résultat tout le monde le constate, les éoliennes sont incroyablement imposantes visuellement partout, sauf sur la toute petite partie du village située proche de la forêt en dessous des éoliennes!

Ces séances de conciliation ne sont que des simulacres de démocratie appliquée. Ces gens qui les dirigent ne semblent même pas comprendre leur degré de mépris ou d'ignorance.

La séance n'est pas finie, à suivre sur voisine dans un avenir proche.


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