vendredi 27 octobre 2017

Adieu les journalistes, je vous aimais bien...



Drôle de sentiment ce matin dans la voiture. J'écoute les infos et même une excellente signature de Roger Guignard: le cash, c'est la liberté. Je l'entends dire tout ce qui me tient à coeur sur ce sujet et je me dis: "enfin! Enfin quelqu'un parle de cette menace sur nos libertés et nous rend attentifs aux enjeux de la disparition annoncée du cash! Je finissais par croire que personne ne mesurait l'ampleur de la dépendance que cela pourrait engendrer sur chacun d'entre nous!" Je l'écoute parler assez ouvertement et je me dis que je vis là un moment radiophonique en voie de disparition. Les journalistes comme les lanceurs d'alertes, sont menacés par les pouvoirs économiques et politiques lorsqu'ils nous aident à réfléchir.

Il n'y a bientôt plus un jour où l'on n'entend pas remise en question la liberté d'expression. Sur notre lieu de travail, sur nos blogs, dans les journaux, dans la rue, à la table ronde du bistrot, partout, ce qui dérange est censuré. J'ai lu des employés menacés par leur employeur parce qu'ils le critiquaient dans un lieu public. J'ai lu des journalistes licenciés parce qu'ils ne répondaient plus "à la ligne rédactionnelle". J'ai soutenu un rédacteur en chef d'un journal satyrique traîné en justice par Isabelle Chevalley qui a ainsi ouvert la voie à la censure bien pensante dans le canton du Jura, qui lui ne doit son indépendance qu'à ce type de libre expression et en aucun cas aux culs pincés qui le gouvernent depuis. Derrière chaque mot aujourd'hui il y a un redresseur de moral. Un(e) "bon(ne politicien(ne) outré(e) qui brandit son honneur bafoué pour restreindre la parole de ceux qui publiquement le(la) défient. Derrière chaque journal il y a un généreux mécène qui veille sur les mots qui pourraient desservir ses intérêts. Les intérêts, nous y voilà! La gauche copie la droite pour lui piquer des voix. La droite copie la gauche pour les mêmes raisons. L'idéal a été sacrifié sur l'Autel des intérêts. La presse rachetée pour sauver des intérêts. Les intellectuels ont été mis sous la tutelle des entreprises introduites dans les Universités pour surveiller leurs intérêts. Les petits écoliers ne reçoivent plus de livres sur l'environnement mais des lobbyistes viennent leur chanter les louanges des éoliennes industrielles.  L'Art ne doit plus être subversif, ou alors proprement et gratuitement. Les subventions récompensent les manifestations culturelles les plus populaires voire populistes. Plus question de tirer le monde vers le haut, tout le monde regarde le sol. Pour garder son emploi il faut être docile. Pour en trouver un aussi.

De plus en plus je constate l'usage de l'autorité pour combler l'incompétence. Le silence face aux injustices. L'indifférence pour les victimes. L'argent remplace les préoccupations sociales et culturelles des politiciens. Nos droits sont grignotés jour après jour, notre liberté de parole fait peur, l'opposition est considérée comme un délit de manière à ôter l'envie à tout un chacun d'exprimer ses désaccords.

Il y a quelques jours j'ai regardé aussi ce reportage sur la révolte paysanne d'il y a bientôt 10 ans. Révolte aujourd'hui muselée, canalisée propre en ordre. On a vu sortir de leur orbite les yeux d'une conseillère fédérale vexée pour quelques bottes jetées contre sa personne sans manifester la moindre empathie à l'encontre des ces hommes et de ces femmes poussés à bout par sa politique.  À ce niveau du pouvoir, la question ne devrait pas être le geste mais la motivation du geste.

Parfois je me tâte le cou, gênée, j'étouffe, il y a quelque chose entre la liberté et moi, comme une laisse qui chaque jour devient plus tendue, plus sournoise...



1 commentaire:

  1. « Il n’est aucun "mythe" à déconstruire, aucune "vérité" à mettre au jour, aucune "face cachée" à révéler — laissons cela aux tapages du commerce éditorial. »

    https://www.revue-ballast.fr/mais-que-pensait-guevara/



    Quand on me présente quelque chose comme un progrès, je me demande avant tout s’il nous rend plus humains ou moins humains.

    GEORGE ORWELL

    http://partage-le.com/2017/10/8018/



    Petite vidéo, pour que tout à chacun ne soit pas surpris quand viendra son tour...

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=31&v=asTm6-p1_Go

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