Conte de Noël triste.
Grippée, je me lève avant le jour pour ne pas réveiller mon compagnon avec mes quintes de toux. Pour fuir aussi le bruit sourd des éoliennes qui m'empêchera de toute manière de retrouver le sommeil. Je remets quelques bûches dans le poêle pour que la maison soit chaude quand ma petite fille se réveillera. Je m'allonge sur la sofa sous la verrière et je reste songeuse face au croissant de lune et sa fidèle étoile, au ciel sombre traversé de longs nuages horizontaux, proche de céder aux lumières de l'aube. Tout est tellement beau et simple...
Quand la toux se calme et que le sommeil pourrait revenir, le battement des pales géantes s'impose: elles battent l'air et le mât en trois temps, avec cette espèce d'ondulation à peine perceptible mais qui soulève des vagues intérieures... Cela fait l'effet d' une menace que l'on ne maîtrise pas, un lent processus d'érosion consciemment vécu mais sans savoir où il opère.
C'est un faux silence battu par la folie des hommes. Je pense alors à ma toute petite fille dont le sourire me rappelle combien nous sommes prêts à vivre en paix au moment de notre naissance. Je l'imagine seule dans une chambre réveillée dans la nuit et "bercée" par ce tempo malsain, cette présence lancinante et hostile. Et je vous en veux Monsieur Appenzeller, directeur de la société ADEV propriétaire de ces deux éoliennes qui ont fait basculer des vies toutes simples, tournées vers la nature et le respect des autres, dans un monde "moderne" où l'argent tue la quiétude des hommes et affuble la nuit d'un volume sonore comparable à celui d'une boîte de nuit d'où s'échappent des basses que les murs ne savent pas retenir... Une boîte de nuit infernal. Voilà ce que vous avez fait de nos nuits pour encaisser quelques sous et vous vêtir de vert. Vous ne le saviez pas? Menteur. Cela fait des années que des gens témoignent là-dessus. Une poignée de gens, insignifiante en rapport aux bénéfices? Vous dormez bien, Monsieur Appenzeller? Et vos actionnaires aussi dorment bien, parce que vous faites tout pour cela, pour ne pas les déranger avec le bruit que font les opposants.
Naître si doux et grandir si durs.
Demain un autre petit être viendra chez nous. De ceux que la folie des hommes a jeté sur les route de l'exil. De ceux dont on ne parle plus qu'en chiffres, de ceux que l'on regarde mourir sous les armes que nous n'arrêtons pas d'exporter. De ceux que l'on retrouve morts sur des plages où ils auraient pu construire des châteaux de sable, protégés par la sagesse des hommes. Ces hommes devenus fous, pour dieu ou pour l'argent, ou au nom de l'écologie...
Des petits êtres qui ont tellement besoin de notre protection. Monsieur Appenzeller, c'est Noël, si vous preniez le temps de réfléchir au monde que vous souhaitez vraiment et comment vous pourriez concilier votre vie professionnelle avec la protection des enfants? Et si tous nous nous posions cette question...
J'ai fais un voeux pour Noël: Redonner un visage aux millions de réfugiés qui cherchent la paix dans le monde. Retrouver l'humanité en chacun de nous. Pour cela il faut rester en contact avec les hommes et non avec les chiffres, les politiques et les médias.
J'ai fais un voeux pour Noël: Redonner un visage aux millions de réfugiés qui cherchent la paix dans le monde. Retrouver l'humanité en chacun de nous. Pour cela il faut rester en contact avec les hommes et non avec les chiffres, les politiques et les médias.
Joyeux Noël.
P.S. Cet article sur lundimatin a retenu mon attention, à lire ici
« Il a fallu dix millions de morts pour que toutes les tombes se ressemblent » [Quand j’entends le mot culture]
Discussion avec l’écrivain Eric Vuillard
« Le contremaître, l’ouvrier, le marchand, tous – à part quelques patriciens circonspects –, tous vont à la guerre les yeux bandés, tous avancent la main sur le cœur vers l’inconcevable. Bien sûr, il y a l’esprit de revanche, l’amour de la patrie, la défense du sol national, ces raisons qu’on invoque. Mais cela ne suffit pas, cela ne suffit jamais à expliquer pourquoi un beau jour des millions d’hommes viennent en chantant tous ensemble se placer les uns en face des autres dans des champs de betteraves, et, brusquement, se tirent dessus. »
« La Bataille d’Occident ».
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