mercredi 12 mars 2014

Tais-toi et tourne!

Terres à vendre pour panser les plaies de Fukushima... c'est ainsi que les hommes pensent? Ici les crêtes du Jura

11 mars 2011: Fukushima apporte le coup de pouce dont les promoteurs des nouvelles énergies renouvelables ont besoin pour écraser les résistants qui menacent leur château de cartes. L'argument de la pénurie d'électricité menaçante et imminente qu'ils utilisaient avant cette catastrophe ne pouvait pas tenir longtemps face au marché qui se profilait aussi bien du côté de l'Europe que des USA.

S'ensuivent quatre années de faux discours sur la fausse sortie du nucléaire, le temps d'ancrer dans les esprits la nécessité absolue de couvrir les crêtes, les forêts, les toits, les champs, les fermes de moyens de production d'électricité dite verte. Un business qui a généré quelques milliardaires à l'étranger et fait des envieux sous le drapeau rouge à croix blanche avec l'arrivée providentielle du remboursement à prix coûtant (RPC). Sous l'égide de Swissgrid, la Confédération distribue les subventions pour un avenir propre qui reste en mains des fournisseurs d'électricité. C'est ici que les choses se gâtent: des entreprises d'un genre nouveau se sont immiscées dans les affaires, elles offrent leur savoir faire et surtout des contrats de servitude qu'elles ont fait signer dans les cuisines des propriétaires terriens avant même que les mots transition énergétique ne fassent leur apparition dans le langage officiel. Le gâteau devra être partagé... Le feuilleton SIG- Ennova dévoile la complexité du problème auquel se retrouvent confrontées nos régies publiques...

2014: Nous sommes en surproduction d'énergie et ceci devrait durer encore une bonne dizaine d'année. La Suisse en a encore pour longtemps avec ses centrales nucléaires, en tous les cas au-delà de 2035. L'extraction du gaz de schiste est bientôt un jeu d'enfant, les paysages ne sont pas renouvelables, les opposants aux éoliennes ne sont plus juste des femmes hystériques et dépressives, des égoïstes qui ne veulent pas partager les nuisances du monde, ils ont des noms maintenant, des noms "fréquentables": Roch ou Weber. Ce n'est pas moi qui le dit c'est Bruno Pellaud, diplômé en physique nucléaire, invité hier matin sur la rts pour l'anniversaire de la catastrophe de Fukushima... Encore un roi de la langue de bois! Qui aurait imaginé il y a peu que ce genre de discours reprendrait le dessus, qui plus est le jour anniversaire de l'événement qui a sonné le glas des paysages et zones naturelles les plus préservés du pays? Retour à la case départ,  non sans avoir ouvert de nouveaux marchés.

Ainsi donc ils nous ont lavé les oreilles trois 11 mars de suite avec des Cramer, Chevalley, Nordmann ou Van Singer et leurs scénarios euphoriques sur la transition énergétique. Ils étaient tellement excités d'avoir la parole que l'on se rendit compte très vite qu'ils n'avaient pas pris le temps d'étudier le sujet... Pas très grave puisque de toute manière il n'a jamais été question de la leur laisser (la parole). Ils ont juste fait diversion. Ils ont ouvert la voie aux nouvelles industries qui avaient besoin de leur soutien pour forcer les paysages suisses encore protégés, à devenir des objets de spéculation. La bataille est engagée, il n'y a plus qu'à laisser faire. Personne ne se rappelle des menaces de pénuries d'électricité de 2009, personne ne s'étonne de la surproduction actuelle, du changement d'attitude vis-à-vis des opposants, de l'utilisation même de ces derniers pour justifier le retour en arrière alors qu'ils n'ont rien à voir avec cela. Les politiques qui ne voient jamais les trains que lorsqu'ils sont passés, continuent de se battre sur le front des renouvelables pendant que l'industrie refait le nid du nucléaire et des énergies fossiles en général. Tout le monde encaisse, tout le monde est à la fête... Exactement comme nous l'avions prédit depuis le début de cette agitation autour de notre environnement, cible de toutes les convoitises.

Il y a quatre ans que ce scénario est expliqué en long en large et en travers par des observateurs avertis (par exemple dans le livre "le sens du vent" de Arnaud Michon aux éditions de l'encyclopédie des nuisances) mais la réalité au fond n'intéresse personne, les citoyens veulent rêver, les politiciens veulent briller et les hommes d'affaire veulent encaisser. C'est cela qui fait tourner le monde... en rond.

1 commentaire:

  1. Paroles de voisin13 mars 2014 à 01:06


    Nuisance écologique mineure lorsqu'on la compare à l'énergie nucléaire, l'exploitation industrielle des énergies renouvelables n'en représente pas moins une nuisance idéologique majeure." Solution de rechange " aussi concrète qu'illusoire.

    On se réjouira donc de voir émerger, une agitation à la fois antinucléaire et anti-éolienne.
    Pour autant le mieux n'est jamais, en matière de critique sociale, l'ennemi du bien.

    Il serait grand temps, au contraire d'aérer un peu des discussions" militantes" qui, faute de courir le risque de la confrontation ouverte et vive, sombrent trop souvent dans les précautions diplomatiques et la paralysie.

    On verra ainsi qu'au-delà de la question de l'énergie électrique, au delà même de la question énergétique, la seule position non seulement désirable mais réaliste se situe dans la critique complète de la société capitaliste industrielle: pourquoi tant d'énergie? Pour satisfaire quels besoins? Pour mener quel genre de vie?

    Extrait " Le sens du vent" Arnaud Michon

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