La connerie ne nous pousse plus dans la rue.

Manif de droite... pendant qu'on laisse faire, ils font.

Et c'est bien dommage parce que les occasions ne manquent pas. Juste autour des éoliennes il y aurait de quoi battre le pavé. Des phrases comme celle du maire de Saint-Brais: "Je suis fier d'avoir apporté un peu de modernité dans notre patrimoine naturel" (en parlant des éoliennes), ou des actions punitives comme le même mène contre les riverains qui se plaignent,  devraient mener directement à la retraite politique après un tollé de protestation. Mais non, il est encore maire,  il lèche des sociétés qui n'en finissent plus de se répandre en scandales, méprise ses citoyens et demande à ce que le sujet des éoliennes ne soit plus abordé en assemblée communale! Tout le monde regarde le bout de ses chaussures, comme si ne pas penser comme lui et craindre pour l'avenir de la région était un crime de lèse majesté, une poussée d'anarchisme, une toquade de gauchiste, de la mauvaise éducation! Penser par soi-même, dire non, avoir de l'ambition pour ce coin de pays autre que de se vautrer dans le consumérisme fait peur. L'obéissance, la soumission, la hiérarchie semblent rassurer. Autant voir des benêts s'occuper de nos affaires plutôt que de se risquer à dépasser la tête du panier et d'être pris pour participer!

De la connerie on en trouve aussi du côté de Suisse Eole, qui ne se gêne pas de titrer dans un numéro de son magazine en 2013: Saint-Brais, son boum immobilier. Juste pour cela, l'association devrait avoir reçu le bonnet d'âne de l'argumentation. Une bourgade de 220 âmes éparpillées peut-elle se targuer d'un boum immobilier? Quel malhonnêteté que de compter sur l'ignorance des lecteurs pour leur balancer des idioties pareilles!

Certes des maisons se vendent. Elles se revendent aussi. Il faut vite parler des nouveaux habitants parce qu'ils ne restent pas forcément longtemps... ll y a 14 ans, quand je suis arrivée, il y avait ici un bureau de poste, deux classes d'école, une coop, une laiterie, deux restaurants. Le boum immobilier a tout emporté on dirait. Il ne reste plus qu'une petite épicerie et une seule classe d'école. Quant au nombre d'habitant il ne doit pas avoir bougé d'un iota depuis fort longtemps. Mais Suisse Eole s'en fiche. L'association, que la Confédération subventionne généreusement, ne pense pas, elle fait en sorte de se hisser dans le peloton de tête de ceux qui savent ce qui est juste et bon pour nous. Elle ne débat pas, elle impose, elle ne réfléchit pas, elle remplit, elle n'argumente pas, elle se défend. Elle n'écoute pas, elle écrase.

Vous me trouvez peut-être un peu aigrie. Pas du tout rassurez-vous. En colère, oui. Je viens de participer à la cérémonie d'adieu d'un militant mort bien trop tôt. Il y avait dans la salle des gens de tous les bords politiques et sociaux. Lui était un amoureux de la vie, de la justice, de la loyauté, défenseur de l'égalité des chances des peuples. Il était imprégné  de l'amour des autres et de la nature. Nous pleurions tous sincèrement sa disparition. Nous avions tous conscience de la valeur de son choix de se battre ouvertement pour ses causes et nous l'admirions je pense tous un peu.

Pourtant ceux qui s'engagent comme lui ne sont que rarement soutenus de leur vivant  par cette même majorité qui les pleure une fois disparus. Pourquoi? Pourquoi aimons-nous autant ceux qui donnent leur temps voire leur vie pour un monde plus juste sans se sentir appelés à se battre avec eux? Pourquoi nous contentons-nous de nous rabattre sous les ailes d'une classe politique médiocre? Pourquoi laissons-nous des gangsters piller la planète? Pourquoi acceptons-nous de voir notre contribution financière pour la gestion et le développement  de la société utilisée contre nous?

Où sont nos poings levés? Où est notre fierté? Que défendons-nous dans un silence aussi retentissant?
Pas grand chose qui n'appartienne déjà à d'autres puisque le système contrôle bientôt tout ce que nous possédons...