mardi 20 janvier 2015

Saint-Brais la verte sans verbe


Sur les chemins de Compostelle, ou chercher ailleurs ce que l'on n'a pas su cultiver chez soi.

Ainsi donc, l'assemblée communale se déroule dans une espèce d'ambiance faussement décontractée. Il devrait y avoir une distribution de gants à l'entrée, parce qu' ici personne ne s'exprime avec confiance. On sent la peur de froisser, de provoquer une colère, de déplaire.

Les budgets sont votés sans aucun commentaire, de toute évidence personne ne les a lu. Au moment où il faut lever la main pour les approuver, les bras s'élèvent mollement  puis redescendent, puis remontent pour les taxes, puis redescendent... Tous unis pour le meilleur et pour le pire et sans se poser de question.

Ah si! Parfois quelques courageux font des propositions. Hier soir on a parlé des pampers et de la taxe aux sacs. L'idée du citoyen était de proposer une indemnité aux jeunes parents plutôt que des sacs taxés gratuits. Avec cet argent ils pourraient ainsi financer des langes lavables par exemple ou en tous les cas choisir leur mode de fonctionnement.

Le conseil semblait complètement dépassé par cette proposition: "Oui mais... il faudrait que... On aurait dû... si on avait su... et patati et pa... ta... ta. Tout le monde dort avant la fin du débat.

L'excellente idée d'une citoyenne de demander un soutien à une fondation dont elle a entendu parler en bien, pour aménager un endroit agréable où pourraient jouer les enfants derrière l'école (il n'y a rien) a connu le même sort: Oui mais, et si.... on a déjà.... faudrait faire un dossier.... Si vous voulez faire le dossier, on a rien contre, après on verra...

Les économies d'énergie, on l'a déjà dit,  ne les intéressent pas, c'est trop compliqué. Créer un groupe de travail pour réfléchir à des solutions pour optimaliser notre consommation d'électricité, bof... non ça sert à rien on perdrait notre bonus à la consommation.

Et toutes les petites étincelles qui essaient de se frayer un chemin devant ce conseil outrageusement sur la défensive et complètement à côté de sa fonction s'éteignent bien vite pour ne pas avoir l'air d'insister.

On ne parle même pas de la suppression des sections qui compliquent la vie communale et que l'on nous promet depuis des lustres, à chaque séance la question est posée: "et alors c'est pour quand cette fusion interne?" Le maire reste incapable de répondre, même de dire si quelque chose se fait, il marmonne des explications que personne ne comprend, des débuts d'éclaircissements qui n'arrivent jamais à la lumière. La secrétaire finit ses phrases. On ne peut même pas dire qu'elle vole à son secours, elle prend simplement toute la place qu'il laisse libre de son incompétence, mais hélas ne la comble pas.

À la sortie on échange poliment mais on est pressé de quitter ce lieu pesant et glauque. Un "jeune"retraité de la fonction publique se réjouit de partir une Xème fois faire les chemins de Compostelle. Je me demande ce qu'un type qui se déplace pour voter le passage d'un rallye automobile dans une réserve naturelle sous ses fenêtres et qui plébiscite l'éolien industriel dans les paysages magnifiques du village qui l'a nourri, recherche sur les chemins de Compostelle... Peut-être la sérénité des paysages libres et le silence des crêtes? Il est vrai que lorsque l'on possède comme lui un chalet en montagne où se réfugier les jours de grand vent, on peut bien demander aux autres de supporter les nuisances qu'il impose.

Peut-être que dans les pales des éoliennes s'envolent la solidarité, l'esprit d'entreprise, l'empathie, l'ouverture, le dynamisme, que sais-je encore... Comme si elles avaient répondu à toutes les ambitions d'une petite communauté. L'éternité sera longue ici. Surtout vers la fin, comme dirait l'autre...


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