Lettre à M. B. et à tous ceux qui voudraient trouver sur ce blog ce qu'ils ne cherchent pas

 Monsieur,

Nous nous sommes déjà rencontrés. Mais lors des séances de présentation d'un futur parc éolien, les promoteurs ne s'attardent pas vraiment sur les personnes qui émettent des critiques à l'égard de leur projet. Il est aussi difficile d'imaginer que vous puissiez trouver quelque chose de constructif sur mon blog. Tout comme je ne trouve rien de constructif dans le fait de bouleverser les campagnes avec des machines qui ne répondent à rien d'autre qu'une logique économique que je ne partage pas.

 La raison de ce désintérêt mutuel vient tout simplement du fait que nous ne pensons pas le monde de la même manière. Il y a des rencontres qui ne peuvent pas avoir lieu lorsqu'elles relèvent de l'âme profonde des individus. Je me bats et me battrai autant que je le pourrai contre l'industrialisation de ce que je considère comme des lieux de beauté et de vie à préserver envers et contre tout. Pour tous ceux qui un jour se retrouvent confrontés à une logique qui n'est pas dans l'ordre de ce qu'ils avaient imaginé en vivant à la campagne, sans que personne ne juge nécessaire de tenir compte de leur désarroi. Je me bats contre les rouleaux compresseurs téléguidés depuis les villes, qui décident quand et comment ils écrasent. Je me bats parce que je vis ici et maintenant, et que tant que j'y serai je me donnerai le droit de défendre ce qui me semble beau, durable et nécessaire. Je sais tout ce que je dois à la nature, aux paysages, aux racines qui lient à une région. Je sais que cela vaut mon engagement sans condition.

Je ne me sens pas meilleure que vous, ni pire,  Je suis une citoyenne du monde, comme vous, avec des convictions, comme vous et je ne veux pas céder ma place sur terre, mon vécu, mes rêves et mes  choix pour les générations futures parce que d'autres les imaginent autrement. Qui de nous deux a raison? Franchement qui de nous deux le sait vraiment? J'aime avoir la liberté de défendre ce en quoi je crois, vous avez celle de le faire aussi.

La différence qu'il pourrait y avoir entre vous et moi, est qu'en lisant mon blog vous cherchiez la faille, le moyen d'utiliser mes arguments contre moi. Votre petite pointe sur le fait que j'utilise de l'électricité pour tenir ce blog par exemple, est sans aucun effet. Je ne suis pas pétrie de culpabilité par rapport à ma consommation d'énergie. Il y a beaucoup plus grave en matière d'excès et de contradiction dans notre monde.

Personnellement je me désintéresse autant que possible de vos sites et blogs. J'essaie de rester à l'écoute de mon coeur, c'est lui qui me porte et qui me conseille.

Nous rencontrer donc reste peu probable, nous connaître encore moins. Il faut tellement de temps et d'écoute pour connaître quelqu'un. Tout comme il faut du temps et de l'écoute pour aimer un lieu, pour apprécier le silence, pour sentir ce que l'espace naturel, sans impact industriel peut apporter comme force et bonheur. Mais si on perd ce silence, les conséquences se font très vite sentir par contre, et l'énormité de ce qui a été saccagé apparaît instantanément et nous blesse profondément. L'idiotie qui consiste à dire que nous devons contribuer aux efforts de la société de consommation ne peut avoir aucune prise sur cette blessure-là. Ce bien précieux est à tous, il vaut mieux tout-de-même partager la richesse que la misère.

Voisine.