C'était quand? Quand est-ce que ce changement fondamental de mon statut dans ce monde est devenu effectif? Je ne sais pas si j'arrive à le définir clairement. J'ai commencé à ressentir un malaise et de l'injustice, je suis devenue résistante instinctivement sans savoir quand, comment et pourquoi cette tension m'habitait.
Le premier chiffre qui m'a révélé qui j'étais pour les autres, c'était 25%: Je faisais partie d'une minorité de 25% résistante aux éoliennes industrielles. Cela m'a troublé. Je ne pensais pas que nous étions aussi peu nombreux à défendre notre qualité de vie, notre dignité, notre environnement et notre identité face à la colonisation des paysages que tellement d'humains semblent chérir au point de traverser la terre dans tous les sens pour découvrir les plus beaux, les plus chauds, les plus hauts, etc.
Le second chiffre qui m'a cette fois-ci blessé, c'était 6%. Je faisais partie de cette minorité considérée comme insignifiante, qui souffre des nuisances des éoliennes. De ce fait on m'a rayé de la carte des vivants, je subis où je crève. Cela n'intéresse plus la majorité. Je ne suis plus une personne qui peut témoigner et aider l'avenir à se construire sans nuire systématiquement. Si l'on navigue dans une fourchette aussi basse, inutile de prétendre à une quelconque crédibilité. Peu importe les moyens mis en oeuvre pour obtenir ce chiffre et les preuves que l'on apporte pour le démentir, il fait office de cage dans laquelle on enferme les éléments perturbateurs.
Petit à petit je prends conscience de ma nouvelle identité aux yeux de la collectivité. Je suis un chiffre dans le budget de mon employeur, un chiffre dans le budget de ma commune d'habitation, un chiffre dans les profits de mon fournisseurs d'électricité, un chiffre dans les charges de ma caisse maladie, etc... Vous saurez identifier à votre tour jusqu'où nous somme devenus des chiffres.
Heureusement ces chiffres génèrent des emplois pour ceux qui les calculent et pour ceux qui nous aident à les encaisser: *Il existe de nouvelles professions qui encaissent trois fois un salaire moyen pour calculer combien coûte chacun de nos gestes sur notre lieu de travail et combien il rapporte. Cela s'appelle un analyste des flux. Ensuite, en cas de résistance au procédé, il existe une formation pour aider le travailleur à accepter les changements, parce que sa résistance entre dans une minorité, sans doute chiffrée elle aussi, qu'il faut guider vers le nouvel ordre. Si il n'y parvient pas, il entrera dans une catégorie encore plus basse et on pourra le jeter à la rue. Repoussé dans nos tranchées, isolés de la masse, nous ne sommes plus dangereux, on peut nous exclure dans l'indifférence générale.
Voilà pourquoi manifester son désaccord est un devoir qui sauvera non seulement des paysages, mais aussi des vies, des emplois, et tout ce qui tourne autour de la qualité de vie de chacun, qui dépend de l'attitude de chacun d'entre nous.
*À lire ici le point de vue de Davlor Komplita, médecin du travail à Genève sur l'imposture du management moderne
image: http://qqcitations.com/citation/172208
J'ai voulu voir l'article du Psy genevois sur le management sur votre site, il y a un résumé, mais l'article complet n'est pas en libre accès, et je n'ai pas envie de m'y inscrire
RépondreSupprimerSinon: Nature, nouvel eldorado de la finance
http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/
Une émission qui devrait vous intéresser
Décidemment, nous sortons pas du syndrome du Veau d'Or
https://www.youtube.com/watch?v=vxExT7nL6sQ
Bref, Moïse va bien redescendre un jour de sa montagne et se mettre dans une saine colère...