La population de Saint-Brais a finalement décidé qu'il n'y aurait pas de giga champ solaire sur des terres agricoles dans la commune. La raison du plus fort est rarement la meilleure, mais celle du coeur finit toujours par trouver son chemin.
La soirée du vote n'a pas été géniale. Plutôt que de laisser s'exprimer chacun sur le sujet, les citoyens n'avaient que le droit de poser des questions aux promoteurs. Ces derniers ont eu pour convaincre une séance d'information un mois plus tôt, largement fréquentée, où ils ont pu intégralement développer leur projet. Le soir de l'assemblée communale, ils ont refait tout le topo. Nous étions donc à environs 3heures de monologue pour eux, face à une population qui n'a pas reçu l'autorisation de débattre sur le fond, mais uniquement d'interroger sur la forme. Autant dire qu'ils avaient "game over"pour convaincre. Tout ne devait tourner que autour de leur projet
Ce qui m'a donné le loisir d'observer et d'entendre un peu les arguments qui alimentent le mythe des énergies intermittentes. Bon, il n'y a eu de ce côté qu'une seule intervention. Comme par hasard, cette intervention n'a pas été interrompue comme les autres par le président de la commune, pourtant ce n'était pas une question mais une considération purement personnelle. Un détail. Passons.
Mais quels sont donc les arguments des personnes qui appelaient ce parc de leurs voeux? Ils ne se sont pas trop énervés pour les débattre, en tous les cas ni avant ni pendant la séance. Faire taire les opposants semblait les préoccuper davantage.
Si l'on veut s'arrêter à cela, il faut voir les choses un peu plus loin. Pourquoi ne pas remettre en question sa résidence secondaire? Son SUV si l'on se déplace le plus souvent à deux? Ses vacances en avion dans des pays qui croulent sous le tourisme? Etc. Je ne juge pas, nous sommes tous excessifs dans nos pays de nantis. Et ce sont ces excès que nous aimerions poursuivre en multipliant les sites de productions électriques. Sans nous mouiller contre la production de pétrole qui alimente les guerres; ni pour la paix qui stopperait l'utilisation d'armes massives et énergivores. Il faut dire que cela demande un peu plus de boulot. Et politiquement ce n'est pas porteur.
Les gros projets industriels qui s'emparent de la transition énergétique dans les régions rurales ont ceci d'agréables: plus ils sont gros et plus ils couvrent nos "fautes". Pourtant, nos terres agricoles seront bien plus efficaces qu'eux si les guerres s'étendent à coups de centaines de milliers de tonnes de pétrole. Aucune baisse significative de notre consommation d'énergies fossiles n'est à relever. Mais on ferme bien les yeux là-dessus. On ne veut pas savoir, c'est trop compliqué. La fierté de vivre dans un village qui vend ses terres nourricières contre des tonnes de matériaux acheminés avec du pétrole et élaborés dans des contrées lointaines qui en souffrent, pose question... .
Plus simplement, les moyens de stockage ne sont pas encore au point, multiplier les énergies intermittentes sans solutions fiables de stockage est idiot et met la stabilité du réseau en danger. L'Allemagne le vit. On préfère industrialiser la production d'électricité et brider les petits producteurs. Les gros ont toujours mangé les petits. C'est peut-être pour cela que nous consommons à outrance au dépens des plus petits. Pour qu'ils ne nous mangent pas.
La communion servant de moins en moins d'absolution, les énergies renouvelables intermittentes prennent le relai.